C'est ce 26 octobre que Microsoft lance Windows 8 et Windows RT et débute la commercialisation de sa tablette Surface RT en même temps que la première vague des tablettes Windows 8 de ses partenaires. Les premiers tests ont commencé à paraître sur le Web et donnent une première idée du produit et de ses performances.
Globalement, la qualité hardware et de la finition de la tablette Surface RT de Microsoft sont saluées avec un produit plutôt bien pensé et agréable à utiliser et un système de clavier amovible qui répond aux attentes et peut transformer la tablette en quasi-netbook.
Le fonctionnement de Windows RT ne pose pas non plus de problème majeur, sinon quelques ralentissements observés ici ou là qui dégradent légèrement l'expérience utilisateur. Il y a de nouveaux réflexes à acquérir ( ce qui ne manque pas d'inquiéter les entreprises ) mais rien qui ne soit insurmontable dans le cadre d'un usage tablette et d'une interface tactile
La question du catalogue d'applications
Là où le bât blesse, c'est par rapport aux applications disponibles qui sont encore très rares. La tablette Surface RT fonctionnant sous processeur ARM, elle n'est pas compatible avec les applications Windows habituelles, contrairement à l'autre tablette Surface sous Windows 8 / processeur x86 qui ne sera disponible que début 2013.
Avec quelques milliers de logiciels dans le Windows Store, les utilisateurs se trouvent vite à tourner en rond quand à côté la concurrente iPad d'Apple ( et même la nouvelle iPad Mini, argument fortement mis en avant dans sa présentation ) compte plus de 275 000 applications mobiles.
Cette problématique des applications sur Windows RT n'est pas neuve et a même été soulevée dès l'annonce de la plate-forme. Microsoft et d'autres acteurs ont tenté de pousser les développeurs à la création d'applications pour Windows RT mais ces derniers doivent composer avec les spécificités des processeurs ARM qui ne permettent pas forcément un portage direct des applications Windows et conduisent souvent à proposer des versions allégées au mieux.
Pour beaucoup d'observateurs, il y a un risque de confusion de faire passer Windows RT pour un Windows 8 complet capable de tout gérer comme les ordinateurs sous les versions antérieures de Windows.
On se retrouve un peu avec le danger des netbooks vendus comme des ordinateurs portables à part entière alors qu'ils n'étaient pas capables de faire tourner des jeux ou des applications gourmandes en ressources. Gare à la tentation des fabricants de faire passer Windows RT pour ce qu'il n'est pas et de reproduire l'échec des netbooks.
Des avis mitigés à relativiser
Il faut donc garder à l'esprit que Windows RT est d'abord conçu pour un usage de tablette de divertissement comme peuvent l'être les tablettes iOS et Android, et que comme elles la Surface RT ne substituera pas à un ordinateur, du point de vue des usages comme de l'utilisation des applications.
Ces éléments conduisent beaucoup des premiers testeurs à ne pas recommander l'achat de la tablette Surface RT ( et on pourrait comprendre des différentes tablettes Windows RT à venir ).
S'il faut en tenir compte, puisqu'ils ont eu le produit en main, on ne pourra cependant que rappeler que la plupart de ces mêmes sites prédisaient un échec de la tablette iPad à son annonce en 2010 au vu de ses caractéristiques et de son processeur ARM (alors que tout le monde attendait un processeur Intel) que beaucoup présentaient comme forcément sous-performant.
La comparaison brute avec ce qui se fait dans le moment n'a que peu de valeur si elle ne tient pas compte du contexte et de la stratégie suivie par l'entreprise qui la commercialise. La tablette Surface RT n'est pas une fin en soi et doit se comprendre comme un élément de la diffusion de l'environnement Windows des ordinateurs jusqu'aux smartphones.
Concernant la problématique des applications, on pourra également souligner que si l'écosystème iOS est bien pourvu, du côté d'Android, les applications conçues spécifiquement pour tablettes restent rares et que beaucoup des logiciels installés sont des adaptations des versions smartphones avec une expérience utilisateur loin d'être optimale sur tablette. Cela ne les empêche pas de se vendre par millions d'exemplaires.
Le vrai problème n'est pas celui du manque d'applications immédiat mais bien (toujours pas résolu depuis l'annonce de Windows 8) de l'engagement des développeurs envers Windows RT alors qu'ils doivent déjà adapter leurs créations à Windows 8. Et il y a sans doute un problème classique d'amorçage du marché : les développeurs ne se tourneront plus franchement vers Windows RT que si les consommateurs achètent des tablettes, tandis que ces derniers ne les achèteront que s'ils trouvent les applications qu'ils apprécient ailleurs...