L'étau se resserre un peu plus chaque jour sur les grosses plateformes dédiées au piratage. Dernière bataille perdue en date pour les pirates : une ordonnance qui concerne le blocage d'une soixantaine de plateformes en France.
Monstream, torrent9, cpasbien dans le viseur
Ces trois noms Monstream, Torrent9, Cpasbien sont emblématiques de l'univers du piratage francophone. Ils proposent, sous différentes formes (streaming direct, liens torrent), un accès non autorisé à un vaste catalogue d'œuvres protégées par le droit d'auteur (films, séries, musique, etc.). Leur popularité en faisait des cibles privilégiées pour les ayants droit et ce qui devait arriver arriva : la justice française vient d'ordonner le blocage de ces plateformes, qui s'inscrivent dans une liste bien plus large d'une soixantaine de sites visés.
Une décision de justice pour le blocage
Le blocage de l'accès à ces sites pirates n'est pas une action spontanée des fournisseurs d'accès, mais bien la conséquence d'une décision de la justice française. Saisie par les représentants des industries culturelles (cinéma, audiovisuel, musique...), la justice a reconnu le caractère illicite de ces plateformes et a ordonné aux principaux opérateurs télécoms français d'en empêcher l'accès depuis le territoire national.
C'est suite au jugement rendu ce 10 avril dernier que le tribunal judiciaire de Paris a ordonné aux quatre principaux fournisseurs d'accès à Internet (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) d'opérer un blocage pour une durée d'un an et demi de 60 adresses de sites proposant du contenu pirate. Les opérateurs ont ainsi 2 semaines pour opérer le blocage, sous peine de sanctions.
L'ordonnance cible principalement 17 sites et un ensemble de différents noms de domaines se présentant comme des solutions de repli, des alternatives par lesquelles ces plateformes passent à chaque blocage afin de les contourner.
La liste des cibles est la suivante :
- dulourd
- enstream
- filmstreaming
- fmovieshq
- justdaz
- monstream
- myflixerz
- sadisflix
- smartv-streaming
- top-stream
- cpasbien
- torrent9
- vidstem
- wiflix-catalogue
Comment fonctionne le blocage par les fai ?
Techniquement, ce blocage est mis en œuvre par les Fournisseurs d'Accès à Internet (FAI) comme Orange, SFR, Bouygues Telecom ou Free. Sur ordre du juge, ils modifient leurs systèmes (généralement au niveau du DNS ou par filtrage d'adresses IP) pour que les tentatives de connexion de leurs abonnés vers les adresses des sites bloqués échouent. Si ce blocage est efficace pour l'internaute lambda, il peut souvent être contourné par des utilisateurs avertis (via VPN ou DNS alternatifs).
La lutte sans fin contre le piratage
Cette nouvelle vague de blocages s'inscrit dans un effort continu, mais complexe de lutte contre le piratage en ligne. Les sites visés ont en effet la fâcheuse tendance à réapparaître rapidement sous de nouvelles adresses (URL miroirs, nouveaux noms de domaine), obligeant les ayants droit et la justice à une surveillance et à des actions répétées dans un jeu du chat et de la souris incessants.
Le récent blocage ordonné par la justice française contre Monstream, Torrent9, Cpasbien et d'autres plateformes similaires réaffirme la volonté des autorités de combattre le piratage de contenus culturels. Si l'efficacité à long terme de ces mesures reste débattue, elles constituent un signal fort envoyé aux opérateurs de ces sites et aux utilisateurs. Malheureusement, les sanctions ne sont que temporaires et l'on assiste à deux phénomènes : l'apparition de clones ou la redirection des usagers vers des plateformes de plus petite envergure qui passent également plus facilement et durablement entre les mailles du filet.