Le programme Artemis de la NASA traverse une zone de turbulences médiatiques. Alors que l'agence spatiale américaine promettait depuis 2020 d'envoyer la première femme et la première personne de couleur sur la Lune, ses communications officielles ont subi un étonnant toilettage. Une disparition soudaine qui interroge sur les véritables ambitions du projet.

Des engagements qui s'évaporent

Plusieurs observateurs ont noté que les mentions explicites à "la première femme" et "la première personne de couleur" ont progressivement disparu des documents officiels de la NASA. Sur le site de l'agence, les formulations inclusives laissent place à des termes plus génériques comme "le retour des humains sur la Lune".

"C'est un recul significatif dans la communication de la NASA", commentent certains experts. "En 2020, ils mettaient en avant cette dimension historique. Aujourd'hui, ces éléments semblent relégués au second plan." Un changement notable alors que le premier alunissage habité (Artemis III) est désormais prévu pour 2026.

Car rappelons qu'à l'annonce du lancement du programme Artemis (déesse de la nature et de la chasse, un nom déjà équivoque pour la mission), la NASA évoquait le fait que les deux premiers humains à poser le pied sur la Lune depuis 50 ans seraient justement une femme, et une personne de couleur. Il s'agissait d'un symbole fort pour le programme et l'inclusivité. 

L'ombre de Donald Trump

Ce revirement communicationnel survient dans un contexte politique particulier. Selon plusieurs sources, l'administration Trump aurait exercé des pressions pour minimiser l'aspect inclusif du programme.

Les faits sont troublants :

  • En 2019, le vice-président Mike Pence annonçait un retour sur la Lune "avec la première femme"
  • Dès 2020, les documents budgétaires évitent soigneusement ces mentions
  • Les communiqués actuels parlent simplement d'"astronautes" sans précision.

"Il y a clairement eu un infléchissement rhétorique", confirme un ancien employé de la NASA sous couvert d'anonymat. "Les ambitions égalitaires semblent avoir été sacrifiées sur l'autel des réalités politiques."

Qui volera sur Artemis III ?

La sélection de l'équipage pour Artemis III reste un mystère. Si Christina Koch (déjà pressentie pour Artemis II) et Jessica Meir font figure de favorites, aucune annonce officielle n'a confirmé leur participation.

Les critères de sélection semblent avoir évolué :

- Priorité donnée à l'expérience plutôt qu'au genre
- Accent mis sur les compétences techniques
- Moins d'emphase sur la dimension symbolique

Une stratégie qui pourrait s'expliquer par les retards accumulés et les critiques sur les coûts du programme. "La NASA ne veut plus promettre ce qu'elle n'est pas sûre de pouvoir tenir", analyse une source proche du dossier.

Une opportunité historique manquée ?

Ce changement de cap prive la mission d'une puissante dimension symbolique. En 1969, Neil Armstrong incarnait le triomphe américain dans la course spatiale. En 2026, la première femme sur la Lune aurait pu représenter un progrès sociétal tout aussi marquant. Une notion de "progrès" qui n'est pas en phase avec l'orientation politique des USA depuis l'institution de Donald Trump.

Malgré tout, des voix s'élèvent pour rappeler que l'équipage d'Artemis II (prévu en 2025) comprend déjà Jeremy Hansen, premier astronaute canadien à voler vers la Lune, et probablement une femme parmi les trois américains. La NASA maintient par ailleurs que la diversité reste "une priorité", même si elle n'en fait plus un argument marketing.