Dans la lutte contre le déclin cognitif, une arme simple, accessible et agréable vient de prouver sa puissance : la musique. Une vaste étude australienne, publiée dans l'International Journal of Geriatric Psychiatry, met enfin des chiffres clairs sur ce que l'on suspectait.

L'étude observationnelle a suivi 10 893 Australiens, tous âgés de 70 ans ou plus et ne souffrant d'aucune démence au début du suivi. Les résultats, après plusieurs années, sont sans appel.

Quel est l'impact réel sur la démence ?

L'impact est à la fois surprenant et massif. Les chercheurs ont comparé les habitudes d'écoute. L'écoute active stimule le cerveau. Les participants qui écoutaient "toujours" de la musique affichaient un risque de développer une démence inférieur de 39% par rapport à ceux qui n'en écoutaient "jamais" ou "rarement".

Ils présentaient également un risque réduit de 17% de développer des troubles cognitifs plus légers. Fait notable, ces mêmes participants obtenaient de meilleurs résultats aux tests de mémoire épisodique (la capacité à se souvenir des événements du quotidien).

Faut-il écouter ou faut-il jouer ?

Les deux, mais l'écoute semble avoir un léger avantage. L'étude a comparé les pratiques : l'écoute régulière (39% de réduction du risque) s'est montrée étonnamment un peu plus protectrice que le fait de jouer régulièrement d'un instrument (35% de réduction du risque) de la musique.

Toutefois, les deux sont très bénéfiques. Ceux qui pratiquaient les deux (écoute et jeu) voyaient leur risque de démence réduit de 33%. Selon Elizabeth Margulis, directrice du Music Cognition Lab de Princeton, cela s'explique : la musique force différentes zones du cerveau (motrices, sensorielles, émotionnelles, mémorielles) à "parler entre elles", ce qui est crucial pour la santé cérébrale.

Comment la musique protège-t-elle le cerveau ?

C'est une stimulation cognitive complète, un véritable "fitness cérébral". "Écouter de la musique active un large éventail de régions dans votre cerveau", explique Joanne Ryan, l'auteure senior de l'étude.

Cette stimulation constante aide à construire de nouvelles voies neuronales, rendant le cerveau plus résilient. Le neuroscientifique Daniel Levitin confirme que c'est "neuroprotecteur". Écouter des morceaux de son adolescence est particulièrement puissant : même chez des patients atteints d'Alzheimer, incapables de se reconnaître dans un miroir, une chanson de leurs 14 ans peut les "reconnecter" à leur identité perdue.

Y a-t-il des limites à cette étude ?

Les chercheurs sont honnêtes : c'est une étude observationnelle. On ne peut donc pas établir un lien de causalité formel. "La causalité ne peut être établie", précise Emma Jaffa, l'auteure principale.

Il est possible, par exemple, que les personnes ayant une meilleure santé cognitive soient simplement plus enclines à écouter de la musique, et non l'inverse. L'étude a cependant noté que les bénéfices étaient les plus forts chez les participants ayant un niveau d'éducation supérieur (16 ans et plus d'études).

Foire Aux Questions (FAQ)

Quel type de musique faut-il écouter ?

L'étude n'a pas spécifié de genre musical. Que ce soit du classique, du jazz ou du rock, l'important semble être "l'engagement" actif avec la musique, plutôt que le style lui-même.

Est-il trop tard pour commencer à jouer d'un instrument ?

Non. Le neuroscientifique Daniel Levitin encourage activement la pratique d'un instrument à tout âge. De plus, écouter de la musique *nouvelle* (et pas seulement les vieux succès) est aussi considéré comme un défi bénéfique qui stimule le cerveau.

La musique en fond sonore est-elle suffisante ?

Probablement pas. L'étude insiste sur le terme "engagement musical". Une écoute active (se concentrer sur les sons, anticiper la mélodie, ressentir les émotions) est bien plus stimulante qu'une simple musique de fond ignorée.