C'est la fin d'une des querelles les plus intenses de la paléontologie moderne. Pendant des décennies, la communauté scientifique s'est déchirée : le Nanotyrannus (le "tyran nain") n'était-il qu'un T. rex adolescent ou un prédateur miniature à part entière ?
Une nouvelle étude, basée sur l'analyse d'un fossile spectaculaire, vient de livrer un verdict irréfutable qui change notre compréhension de la fin de l'ère des dinosaures.
Comment ce fossile met-il fin au débat ?
Le tournant de cette controverse de paléontologie tient en un seul fossile : le spécimen NCSM 40000, surnommé les "Dueling Dinosaurs". Découvert dans le Montana, il conserve un petit tyrannosaure presque complet, fossilisé aux côtés d'un Triceratops.
L'équipe de Lindsay Zanno et James Napoli a pu analyser la structure osseuse de ce spécimen au microscope. Les résultats sont sans appel : ils ont mis en évidence une structure osseuse indiquant que l'animal avait cessé sa croissance. Âgé d'environ 14 ans, il était adulte, mais ne pesait que 700 kg pour 4,5 mètres. Il ne pouvait donc pas s'agir d'un jeune T. rex en pleine croissance.
En quoi le Nanotyrannus était-il différent du T. rex ?
Plus précisément, l’analyse anatomique révèle des différences majeures et irréconciliables avec la morphologie connue du T. rex, quel que soit son stade de croissance. Le Nanotyrannus n'était pas un T. rex en réduction.
	
Il possédait des bras proportionnellement bien plus longs et des jambes plus fines, suggérant un prédateur agile et rapide. Sa mâchoire était garnie de plus de 60 dents fines et non crénelées, là où le T. rex avait 40 à 50 "bananes létales" épaisses, conçues pour broyer les os. Le Nanotyrannus était un chasseur de proies rapides, occupant une niche écologique différente de celle du colosse T. rex.
Quelles sont les implications de cette découverte ?
Les implications de cette découverte sont profondes. L’identification de Nanotyrannus comme genre à part entière transforme la vision que l’on avait des réseaux de prédation à la fin du Crétacé. Il n'y avait pas un seul superprédateur, mais au moins deux genres de tyrannosaures cohabitant.
	
Mais cela ouvre une nouvelle question vertigineuse : si les fossiles de "jeunes" T. rex (comme le célèbre spécimen "Jane") étaient en fait des Nanotyrannus, où sont passés les vrais juvéniles T. rex ? Cette absence oblige à repenser la croissance du "roi des lézards tyrans", qui était peut-être plus linéaire et moins spectaculaire qu'on ne l'imaginait.
Foire Aux Questions (FAQ)
Le Nanotyrannus est-il une nouvelle espèce ?
Non, le nom Nanotyrannus lancensis a été proposé en 1988 à partir d'un crâne découvert en 1942. La nouveauté est que son existence en tant qu'espèce distincte est enfin prouvée par l'analyse d'un spécimen adulte, alors que la majorité des experts pensaient qu'il s'agissait d'un T. rex juvénile.
Qu'est-ce que le fossile des "Dueling Dinosaurs" ?
C'est un bloc fossile exceptionnel découvert dans le Montana, montrant un Triceratops et un petit tyrannosaure (le Nanotyrannus) morts et ensevelis ensemble. Longtemps inaccessible car propriété privée, il a été acquis par le North Carolina Museum of Natural Sciences en 2020, permettant enfin son étude.
Y a-t-il eu plusieurs espèces de Nanotyrannus ?
L'étude suggère même l'existence de deux espèces. Le spécimen des "Dueling Dinosaurs" est identifié comme Nanotyrannus lancensis, tandis que le spécimen "Jane", un autre petit tyrannosaure, est décrit comme une nouvelle espèce : Nanotyrannus lethaeus.