Depuis quelques semaines, les nouvelles s'enchainent : Netflix, Apple, Disney, Prime Vidéo... Toutes les plateformes de streaming augmentent leurs tarifs, avec un débordement que l'on constate également auprès des plateformes dédiées à l'audio comme Deezer ou Spotify. Des hausses de quelques euros par mois qui pèsent à la fin de l'année, situation difficile à accepter pour les utilisateurs en période d'inflation, d'autant que la période n'est pas non plus propice aux sorties.
Car malgré les hausses tarifaires, on ne constate pas vraiment de sorties majeures ni d'accélération des productions auprès de ces plateformes...
Pourquoi ces hausses ?
Et bien comme pour nombre de services, la stratégie est assez basique : pour séduire un parc d'utilisateurs conséquent lors du lancement sur de nouveaux marchés, les plateformes ont eu recours à une politique de tarifs agressive.
Cette stratégie se constate à plus large échelle pour tous les services ou presque : une offre intéressante au lancement permet de fidéliser plus rapidement un plus grand parc de clients, qui seront plus à même d'encaisser des réajustements tarifaires par la suite. L'engagement de la base de clientèle doit se faire sur les 2 à 3 premières années, à partir de quoi les prestataires de service estiment disposer d'une base captive de 60 à 80% d'utilisateurs, et d'un taux d'engagement qui stagnera de toute façon, avec une croissance faible. L'objectif est donc de s'installer rapidement sur les marchés.
Néanmoins, la réalité rattrape rapidement les plateformes et la nécessité de dégager du bénéfice pour continuer d'exister ou de satisfaire les actionnaires arrive assez rapidement.
Avec des investissements qui se veulent de plus en plus importants pour les droits de licence ou les productions, cette nécessité de dégager plus rapidement des revenus arrive de plus en plus tôt. L'objectif de stabilité économique s'impose rapidement.
La concurrence qui s'intensifie avec la multiplication des plateformes est également un facteur important : pour se démarquer, il faut désormais créer de plus en plus de contenu original, de qualité, en quantité, et donc investir de plus en plus tout en faisant face à divers obstacles comme l'inflation, les pandémies, ou plus récemment, la grève des acteurs et des producteurs de cinéma...
Certaines législations locales (comme en France), imposent également aux plateformes d'investir dans la création de contenu sur place et de dédier une part de leurs revenus au secteur du cinéma. Il faut également pour les plateformes se confronter à la loi sur la chronologie des médias, l'exception culturelle française qui impose un délai entre la sortie en salle de cinéma d'une oeuvre et s'on entrée au catalogue de SVOD.
Le spectre du retour du piratage de masse
Reste que si les hausses de tarif sont contenues pour l'instant, elles s'enchainent de plus en plus vite et l'on voit déjà des signes d'un désengagement des utilisateurs. Les actions des plateformes pour limiter le partage de compte entrent également en jeu et la capacité qu'ont eu ces géants du streaming à canaliser une partie du piratage en proposant une offre légale plus ou moins pertinente s'étiole à chaque restriction ou hausse tarifaire... Il n'est donc pas dans l'intérêt ni des plateformes ni des ayants droit de se montrer trop gourmand, sous peine de raviver l'intérêt des utilisateurs pour le piratage.