Selon le Journal du Dimanche, le service de SVOD Netflix aurait finalement opté pour une ouverture de ses services dès le mois de septembre 2014 en France. Une ouverture qui mettrait un terme aux rumeurs qui courent depuis plusieurs années sur l'investissement de la plateforme dans nos contrées.
Netflix est actuellement l'un des services les plus populaires outre-Atlantique puisqu'il recense plus de 33 millions d'abonnés et représente le plus gros diffuseur de vidéo à volonté, tout juste derrière YouTube. Présent dans plusieurs pays européens, la plateforme se fait désirer en France, un marché où la VOD reste encore marginale face à l'ampleur qu'elle prend aux USA, mais qui pourrait véritablement exploser avec l'arrivée d'une plateforme proposant autant de contenu que Netflix.
Il s'agira cette semaine de la troisième rencontre entre Netflix et le gouvernement visant à la négociation des termes de l'arrivée de ce dernier sur notre marché. En décembre dernier, David Hyman et Christopher Libertelli, deux cadres de Netflix rencontraient David Kessler, le conseiller média de l'Élysée. Plus tard, c'est Fleur Pellerin qui rencontrait Reed Hastings, le PDG de la plateforme. Et cette semaine, des représentants de Netflix ont à nouveau rendez-vous avec le ministère de l'Économie et de la Culture, mais aussi avec les représentants de la SACD ( Société des auteurs et compositeurs dramatiques.)
La rencontre devrait permettre d'établir des accords de diffusion, mais surtout de s'assurer que Netflix reste dans le cadre légal, la France se caractérisant par une complexité importante dans ce domaine comme le rappelle Aurélie Filippetti : " S'il veut s'installer ici, Netflix doit se plier aux régulations qui font le succès de nos industries, notamment en matière de financement de la création. C'est une condition sine qua non pour préserver notre écosystème unique."
En outre se pose la question du lieu d'émission que choisira Netflix pour la diffusion de ses programmes. Si la plateforme héberge ses données en France, elle devra se plier notamment à l'acceptation de l'exception culturelle ( qui impose un réinvestissement de 3,2% du chiffre d'affaires des diffuseurs à la production d'oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles, ainsi qu'à consacrer 60 % de leur temps d'antenne pour des oeuvres européennes). Si la question de l'investissement peut refroidir Netflix, la question des 60% de contenus européens risque de se présenter comme un plus grand obstacle pour la plateforme qui mise surtout sur ses partenariats avec les grands studios hollywoodiens, et trouve justement sa force d'attraction par le catalogue de films et séries américaines.
C'est pour cela que Netflix pourrait envisager d'émettre depuis le Luxembourg, une éventualité déjà critiquée par la ministre de la Culture : " Netflix ne doit pas être un passager clandestin".
Concernant le déploiement de la plateforme, le marché français sera au contraire bien plus facile pour Netflix qu'il ne l'aura été aux USA. Et pour cause, la majorité des Français connectés à Internet disposent aujourd'hui d'une box multimédia sur laquelle il sera très facile de proposer une application ou une fenêtre directe vers les services de la plateforme. A défaut, l'accès sera proposé sur Internet, et même directement sur les Smart TV.
Mais la variante française de Netflix pourrait ne pas séduire autant que son homologue américaine si elle venait à devoir se plier aux diverses règles qui encadrent la diffusion des contenus. Ainsi, les services de SVOD ne peuvent intégrer à leur catalogue des films " à volonté " que 3 années au moins après leur sortie en salles. L'objectif de cette loi étant de favoriser la vente de supports physiques et de permettre aux studios et investisseurs d'optimiser leurs recettes et de favoriser d'autant plus la création.
À défaut de se vouloir vraiment intéressante pour les films, Netflix pourra toutefois percer grâce aux séries et à ses partenariats exclusifs avec les studios. Mais aussi grâce à ses propres productions puisque depuis quelques années, la plateforme est également à l'origine de la création de séries comme House of Cards. Sur ce terrain, Netflix pourrait se présenter comme une concurrence sérieuse à la chaine Canal +.