Le terme de nomophobie est en fait une contraction de "no mobile phobia", qui est donc une phobie, une angoisse extrême affectant les personnes privées de smartphones et autres moyens pour se connecter au réseau et rester en ligne, joignable quoi qu'il se passe.

Une récente étude menée au Royaume-Uni auprès de 1000 utilisateurs de mobiles révèle ainsi que 66% d'entre eux seraient "très angoissés" à l'idée de perdre leur smartphone, les 18-24 ans étant encore plus affectés avec 76% d'entre eux.

Damien Douani, expert en nouvelles technologies de l'agence FaDa, explique ainsi à nos confrères de l'AFP que :


Le phénomène s'est amplifié avec l'arrivée des smartphones et des forfaits illimités. Chacun a accès à une panoplie de services: Où suis-je ? Y a-t-il des restaurants à proximité ? J'achète mon billet de train pour ce week-end, je planifie ma soirée, etc. Il y a quelques années, le SMS était déjà une forme de nomophobie. On parlait même de la +génération des pouces+ pour décrire ceux qui tapaient non-stop des textos. Mais l'internet mobile via un smartphone, c'est le SMS puissance 10.000. Le réflexe Google a été transposé au mobile: j'ai besoin d'une information, et je trouve réponse à tout, c'est la facilité incarnée.


Au niveau de la France, 22% d'entre nous concèdent qu'ils ne pourraient se passer plus d'une journée de leur téléphone mobile, ce pourcentage passant à 34% pour le 15-19 ans (sondage en ligne réalisé par la société Mingle auprès de 1.500 utilisateurs).
Pour 29% de ces français, il est possible de se passer de son smartphone plus de 24h mais cela serait "difficile" selon eux. Enfin, 49% des personnes interrogées y arriveraient "sans problème".


L'écrivain Phil Marso, organisateur des Journées mondiales sans téléphone portable, explique ainsi que :

On peut comprendre que les gens soient accros à leur smartphone car ils ont toute leur vie dedans, et si par malheur ils le perdent ou qu'il est en panne, ils se sentent totalement coupés du monde. C'est un outil qui déshumanise. Un jour dans la rue, une personne qui cherchait son chemin m'a tendu son smartphone avec le plan du quartier sur l'écran au lieu de me demander où se trouvait la rue qu'elle cherchait.

Damien Douani souligne lui que :

Parallèlement à tout cela, les réseaux sociaux créent des liens avec des communautés et font qu'il y a un besoin de mise à jour constante et de consultation en permanence. S'il y avait un petit compteur sur chaque téléphone comptabilisant le nombre de fois où on le vérifie, on serait surpris. Il y a ce syndrôme +je suis toujours connecté+, +je vérifie mon téléphone au cas où+.

Selon Phil Marso, auteur du premier livre entièrement rédigé en SMS :

On est dans une société robotique où on doit faire plein de choses à la fois. Une partie de la population pense que si elle n'est pas connectée, elle loupe quelque chose. Et si on loupe quelque chose ou si on ne peut pas réagir tout de suite, on développe des formes d'angoisse ou d'énervement. Les gens n'ont plus de patience. Le smartphone détruit une forme de fantaisie. Tout est servi sur un plateau et il n'y a plus de spontanéité ou d'effet de surprise, comme trouver un restaurant au fil des rues au lieu de le repérer grâce à une application mobile et s'y rendre directement. On est en train de tuer une forme d'inattendu.

Et vous fidèle lecteur de GNT, êtes-vous un véritable nomophobe ?