Réduire les émissions de CO2 dans l'industrie et chez les particuliers va demander beaucoup de matières premières critiques pour réduire l'utilisation des énergies fossiles et proposer des solutions alternatives.

Toutefois, le dernier rapport de l'OCDE relève que la situation va rapidement devenir problématique avec la montée très rapide de la demande pour un grand nombre de ressources naturelles ces prochaines années.

Elle observe d'une part la forte augmentation des prix de nombreuses matières premières comme l'aluminium et le cuivre dans la foulée des différentes crises des dernières années (Covid-19, montée des tensions économiques, conflit en Ukraine...) et d'autre part des niveaux de production qui, s'ils ont augmenté ces dernières années, ne vont pas suffire à assurer la transition verte.

La production de ressources comme le magnésium a beau avoir augmenté d'un tiers tandis que celle du lithium a été multipliée par trois, cela reste insuffisant pour assurer le relais entre énergies fossiles et énergies renouvelables.

Pour d'autres ressources, comme le plomb, le graphite, le zinc et l'étain, la production a même plutôt diminué ces dernières années.

Une demande bien trop forte par rapport à l'offre

L'OCDE anticipe en effet une demande pour ces matières premières critiques augmentée de 4 à 6 fois ces prochaines années, loin des capacités de production actuelles et relève que les pouvoirs publics vont devoir gérer cette problématique avec sérieux, de la concentration de la production au "recours accru aux restrictions à l'exportation" alors que la Chine pourrait justement peser sur la disponibilité des terres rares dont elle reste le premier exportateur mondial.

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Bientôt un site d'extraction de lithium en France ? (credit : Imerys)

En particulier, elle souligne que "nous devons veiller à ce qu'aucune pénurie de matières ne nous empêche de tenir nos engagements climatiques". Son inquiétude vient du fait que la production des matières premières critiques reste concentrée dans quelques pays : Chine en tête, Russie, Australie, Afrique du Sud et Zimbabwe.

La montée des tensions géostratégiques pourrait impacter l'accès à ces ressources et créer une crise freinant la transition verte. Toutefois, l'OCDE note que les circuits d'échange sont bien diversifiés, au point d'éviter le risque d'un blocage complet, hormis pour certaines matières : lithium, borates, cobalt, métaux précieux colloïdaux, manganèse et magnésium.

Gare aux restrictions à l'exportation

L'OCDE note que les restrictions à l'exportation de matières premières critiques ont été multipliées par cinq depuis 2009 (date de mise en place de leur suivi) et que 10% des exportations sont soumises à au moins une restriction.

Elle identifie la Chine, l'Inde, l'Argentine, la Russie, le Vietnam et le Kazakhstan comme les pays jouant le plus avec ces restrictions à l'exportation, ce qui pourrait avoir des "effets potentiellement importants sur la disponibilité et les prix de ces matières".

Il ne sera donc pas simple de faire adopter la voiture électrique d'ici 2035 en Europe si son prix ne diminue pas sensiblement et s'il n'est pas possible de construire les batteries électriques et les infrastructures (bornes de recharge, panneaux solaires, éoliennes...) nécessaires pour obtenir la réduction des émissions de CO2 qui contribuera à limiter le changement climatique et cesser l'utilisation des énergies fossiles polluantes.

D'où aussi la quête de nouveaux gisements en Europe et ailleurs pour tenter de réduire la dépendance envers certaines matières premières (lithium, terres rares) sur le long terme.

Source : OCDE