Face à des géants du Web qui sollicitent fortement les réseaux fixes et mobiles pour alimenter leur croissance mais ne participent pas directement aux lourds investissements nécessaires à leur amélioration, les opérateurs télécom souhaiteraient une remise à plat des conditions de fonctionnement d'un marché dont la balance pencherait trop favorablement en faveur des grands groupes high-tech.
Stéphane Richard, PDG d'Orange, s'est fait une fois de plus le porte-parole de ces problématiques lors de l'émission Le Grand Jury de RTL/LCI/Le Figaro, avertissant sur les dangers du déséquilibre actuel : "il n'est absolument pas acceptable que Google fasse à peu près [...] un milliard d'euros de chiffre d'affaires en France , et ne paie pas d'impôts ", a-t-il indiqué, évoquant cette optimisation fiscale poussée dont commencent à s'indigner les politiques.
L'autre problématique porte sur une réglementation inégale entre les opérateurs et les acteurs du Web, que le patron d'Orange souhaite voir appliquée uniformément à tous, notamment sur les grands sujets comme la protection des données personnelles.
Ce qui amènerait aussi à un rééquilibrage des règles anti-concurrentielles strictes du secteur télécom qui devraient aussi être appliquées aux grands groupes, notamment alors que Google détient "97% de parts de marché dans les moteurs de recherche sur Internet" et est présent avec Android "sur les deux tiers des smartphones de la planète".
Stéphane Richard plaide donc à nouveau pour une refonte en profondeur des règles du jeu européennes et pour la fin d'une stratégie anti-trust qui a cherché à éviter l'émergence d'opérateurs télécom monopolistiques en Europe mais qui a en même temps "bloqué des concentrations au nom de l'idéologie de la concurrence", fragilisant le secteur télécom européen face aux appétits de très grands acteurs étrangers.
L'arrivée aux commandes du secteur numérique d'un nouveau commissaire européen, Günther Oettinger, est l'occasion de tenter justement d'obtenir gain de cause.