L'OTAN a officialisé un partenariat majeur avec un géant de la tech. Ce contrat de plusieurs millions de dollars vise à moderniser son infrastructure en déployant une solution de cloud privé ultra-sécurisée pour traiter des données hautement sensibles.

Comment fonctionne cette forteresse numérique ?

La solution retenue repose sur la technologie "Google Distributed Cloud (GDC) air-gapped", proposée par Google. Le terme air-gapped désigne un système physiquement isolé, sans aucune connexion à des réseaux externes comme internet. Concrètement, des serveurs physiques seront installés directement dans les locaux de l'OTAN.

Ces serveurs resteront sous le contrôle exclusif de l'organisation, garantissant que les données ne quittent jamais le périmètre militaire. C'est une approche radicale qui vise à concilier innovation technologique et contrôle absolu de l'information.

OTAN

À quoi servira concrètement cette technologie ?

Cette infrastructure de pointe servira spécifiquement au JATEC (Centre interarmées d'analyse, de formation et d'éducation), une entité créée notamment dans le contexte du conflit en Ukraine. L'objectif est clair : profiter des puissants algorithmes d'analyse et d'intelligence artificielle de Google sans jamais compromettre la confidentialité des renseignements.

Qu'il s'agisse de missions classifiées ou de flux de travail sensibles, tout transitera par cette forteresse de données. L'alliance pourra ainsi accélérer ses capacités opérationnelles en exploitant le meilleur de la technologie, sans les risques associés à une connexion au cloud public.

Pourquoi un tel besoin de souveraineté ?

Ce partenariat s'inscrit dans un contexte de méfiance croissante des institutions européennes vis-à-vis des lois extraterritoriales américaines. Le Cloud Act, par exemple, peut contraindre les entreprises américaines à fournir des données, même stockées en Europe, aux autorités de Washington. En optant pour une solution physiquement déconnectée, l'OTAN s'assure que ses données régaliennes et militaires restent inaccessibles à toute ingérence extérieure.

CLOUD Act

L'organisation parle elle-même de "souveraineté", un enjeu capital. Antonio Calderon, directeur technique de l'agence de communication de l'OTAN (NCIA), a d'ailleurs souligné que « ce partenariat permettra à l'OTAN d'accélérer de manière décisive ses efforts de modernisation numérique tout en maintenant les plus hauts niveaux de sécurité ». La protection de l'information est non négociable.

Google est-il le seul partenaire technologique de l'alliance ?

Non, ce contrat n'est pas exclusif. L'OTAN a adopté une stratégie multicloud pour ne pas dépendre d'un seul fournisseur. L'alliance a déjà conclu des accords similaires avec les autres poids lourds du secteur, notamment AWS (Amazon Web Services) pour l'analyse de données en temps réel et Microsoft.

Microsoft Cloud for Sovereignty collabore également avec l'agence IT de l'OTAN pour s'assurer de la conformité des déploiements cloud avec les directives de l'organisation. Plus récemment, un contrat a aussi été passé avec Oracle. Cette approche diversifiée montre la volonté de l'alliance d'intégrer les meilleures technologies du marché tout en répartissant les risques et en renforçant sa résilience globale.

Source : Google Cloud