Et certaines d'entre elles peuvent être dénichées chez nos plus proches voisins comme en Italie, avec le Powerstock Festival - nom évocateur s'il en est - qui promet d'être un rendez-vous incontournable cet été pour tous les adeptes de musique électronique et du respect de la nature. Un défi technique et technologique qu'entend bien relever Carlo Brancati, chef du projet Powerstock Festival par ailleurs parrainé par Jean Michel Jarre.


Powerstock festival logo GNT : Bonjour Mr. Brancati, tout d’abord, pouvez-vous présenter globalement le festival Powerstock ?

C.B. : Le projet a été conçu pendant l’été 2005, l’année de nombreux désastres écologiques (Ouragan Katrina à New Orleans et le Tsunami). Notre désir, dès le début, a été celui de créer un 'événement' qui puisse parler aux jeunes, à travers leur propre langage, de l’enjeu écologique et du besoin de rendre compatible la conscience écologique avec le développement technologique. Cette union est la seule qui puisse nous parler d’avenir… En 2006, Powerstock a eu la chance d’être présenté à l’UNESCO par Mme Claudia Cardinale, Ambassadrice de Bonne Volonté pour l’UNESCO, lors de la réunion annuelle des ambassadeurs de Bonne Volonté. C’est alors que le projet a reçu le premier soutien de Jean Michel Jarre, également Ambassadeur de l'UNESCO. Depuis, Powerstock a été reconnu comme une « initiative qui contribue à diffuser les principes et à réaliser les objectifs de la Décennie dédié à l’Education pour le Développement Durable » (2005-2014) déclarée par le Nations Unies et coordonnée par l’UNESCO.


GNT : Quelles sont les analogies entre les festivals Woodstock et Powerstock ?

C.B. : Woodstock, aujourd’hui, n’est plus possible. Les temps ont changé et il serait inutile de vouloir recréer quelque chose qui appartient au passé. Les valeurs qui ont alors été partagées par une génération entière ont besoin d’une ‘traduction’ contemporaine afin que les générations d’aujourd’hui puissent renouveler leur volonté de changer les choses. L’UNESCO a justement vu en Powerstock l’effort, à l’intérieur de la culture contemporaine, de traduire l’identité ‘révolutionnaire’ en une identité ‘co-évolutionnaire’. Grâce à la participation de la Division Eau (IHP) de l’UNESCO, le coeur du projet est animé par le principe de l’interdépendance dont les valeurs inhérentes inspirent et donnent naissance à une volonté de partage. Voilà de quoi est fait Powerstock...Comme symbole de l’interdépendance, l’UNESCO nous a encouragé de proposer L’eau, « l’or bleu » de l’avenir, et ce parce que leurs recherches démontrent que tout au long de l’histoire humaine, l’eau a été ‘source’ de coopération plus que ‘source’ de conflits.

Si Woodstock a été une manifestation principalement contre la Guerre (celle du VietNam), Powerstock est une manifestation symbolique et ‘préventive’ dans la mesure où elle est contre les guerres de l’avenir – celles déjà prévisibles pour l’accès à l’eau douce.

La sémantique suggestive du nom, au-delà du fait qu’il rappelle un peu Woodstock, joue sur un nombre d’idées qui concernent les réalités de notre économie. Powerstock est un concept qui engage le consommateur à tous les niveaux. C’est nous qui devons décider d'un avenir réellement plus durable.

Le développement durable n’est pas possible sans la paix !


GNT : On se souvient par exemple qu’en 1969 les organisateurs furent littéralement dépassés par le nombre de spectateurs. La logistique est-elle prête à un scénario similaire ?

C.B. : Au niveau de la logistique, nous sommes bien préparés grâce à la participation de K-events : organisateurs de l’événement d’inauguration des jeux Olympiques de Turin en 2006.


GNT : Utilisée pour Woodstock, pensez-vous que cette publicité, « trois jours de paix et de musique. Des centaines d’hectares à parcourir. Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l’air pur », pourrait être appliquée pour Powerstock?

C.B. : On a déjà vu en quelle manière le week-end de Powerstock sera comme Woodstock sous le signe de la paix, et il y a de nombreux hectares à parcourir à pied et des centaines à parcourir avec les yeux…car le site du parc éolien d’Albanella à une des vues les plus sublimes d’Italie. Au lieu de gratte-ciels, le spectateur verra le soleil se coucher sur la mer (la plage n’est pas loin, allez vous bronzer !). Tout autour de la baie, le panorama est merveilleux et varié, on y voit au loin le site protégé par l’UNESCO de Paestum…Au lieu des cerfs-volants, l’œil jouera avec les ombres projetées sur les champs par les éoliennes en mouvement. Pour ce qui concerne les repas, il n’y aura pas besoin de cuisiner vous-mêmes car la région est productrice de certains des meilleurs produits naturels d’Italie…les ‘sfizi’ (snacks) seront délicieux !


GNT : D’un point de vue technique, énergétique et technologique, quelle est la philosophie du festival ?

C.B. : Tout simplement celui de réussir à présenter un modèle de festival durable.


Parc eoliennes powerstock festival 2 Parc eoliennes powerstock festival 3

Parc à éoliennes d'Albanella ( cliquer pour agrandir )


GNT : De nombreux artistes de la scène électronique sont souvent à la pointe des technologies et des dernières innovations, est-ce une volonté de votre part que de marier technologie et musique électronique ? Y aura t'il quelques surprises à ce niveau ?

C.B. : Je ne crois pas que la technologie ait besoin de se marier à la musique électronique car les deux sont inextricablement liées! Ce que l’on espère témoigner par contre, c’est le mariage entre la musique électronique et l’écologie. On s’est dit que, pour faire en sorte que la musique électronique continue à évoquer dans l’imaginaire des jeunes l’idée même du futur, il fallait que l’énergie utilisée pour la produire soit générée ‘autrement’. C'est le seul moyen pour qu'elle continue à vibrer au rythme de notre temps…Pour nous, aimer la musique électronique signifie donc aussi être conscient de comment elle est créée et de vouloir assurer sa survie.

Une surprise ne peut pas se dire !! Ce qui est certain, c’est que JMJ est une surprise à lui tout seul…Je peut vous dire aussi que les arts visuels du festival vous réservent des émotions nouvelles…


GNT : Au niveau sonore, quels procédés sonores et visuels allez-vous employer (stéréo 5.1, projections, vidéo, haute définition cameras etc.) ?

C.B. : Vous savez bien que Jean-Michel Jarre ne travaille qu’avec des instruments à la pointe de la technologie. Le son sera puissant, je vous assure!! Les écrans seront peut être plus hauts que les éoliennes!!


GNT : Quelle couverture envisagez-vous pour ce festival (télévision, internet, radio, téléphone mobile....) ?


C.B. : Nous avons bien sûr comme partenaires des radios locales. Pour ce qui est des images, il y aura, après le festival, la retransmission d’un documentaire, du backstage, etc. Mais Powerstock est une ‘expérience’ à vivre et à partager avant d’être retransmise. Il n’y aura pas de diffusion en direct à la télévision ou sur le Web, tout est donc à vivre en direct.


Parc eoliennes powerstock festival

Cliquer sur l'image pour agrandir


GNT : Pourquoi avoir choisi un parc à éoliennes pour ce festival ?

C.B. : On a vu sur quelques forums de JMJ que certains, en voyant les éoliennes de Powerstock, ont pensé à Aero ( ndlr : nom d'un concert donné par Jarre dans un parc à éoliennes en 2002 ) mais il s’agit là d’une coïncidence, ou plutôt d’une symbiose inconsciente avec notre Parrain. En effet, notre collaboration avec JMJ a été graduelle et riche en synchronisme et en synergies. Après son immédiate adhésion au projet, de nombreux mois sont passés sans que l’on puisse le joindre. Il travaillait sur ‘Teo et Tea’ ( ndlr : son dernier album ) et, comme dirait son équipe de production, il était littéralement ‘locked up’ ! A propos de ‘Teo et Tea’, dès que nous avons découvert l’album, nous avons trouvé que le concept était extraordinaire ! Car il s’agit là de la vision d’un couple ‘expérimental’. Nous aideront-ils à comprendre comment vivre de manière plus durable ? On a tout de suite pensé que Teo & Tea étaient de vrais Powerstockerz !! JMJ a créé un nouveau symbole.


GNT : L’un des objectifs de Powerstock est de défendre les énergies renouvelables, justement, quelles sources d’énergie seront utilisées pour cet événement ?

C.B. : Le festival sera produit principalement par des générateurs à bio-huile et nous achèteront aussi des crédits verts afin de neutraliser les émissions de Co2 produite lors des voyages des spectateurs.

Mais au-delà du fait de ‘défendre’ les énergies nouvelles, notre espoir est vraiment celui de stimuler une véritable énergie alternative parmi les générations d’aujourd’hui. Il s’agit de s’ouvrir au principe de diversification. Ce qui est avant tout nécessaire pour l’avenir est de rendre les personnes sensibles aux questions de l’environnement et conscientes du fait qu’il faut agir et être ouvert à la recherche d’autres sources énergétiques.


GNT : Quelles conditions vous êtes-vous imposés au niveau des sources énergétiques ?


C.B. : A un moment, on a voulu acheter le biocarburant de l’Afrique, selon un programme défendu par la FAO depuis 2006 qui espère aider le développement du marché des énergies renouvelables sur le continent africain tout en créant des richesses économiques dans des régions parmi les plus en manque de la planète. L’idée nous a séduit, mais grâce à des colloques avec WWF, on a eu les moyens de comprendre certaines des limitations d’une telle initiative. La question de comment trouver des solutions au problème n’est pas facile à résoudre et lors de la mise en place de l'énergie à fuel (2 ans de travail), on a pu constater que le monde est actuellement en train de comprendre les bases pour éventuellement trouver des solutions. C’est clair que des erreurs peuvent être commises dans ce défi. L’important, c’est que nos sociétés essaient de trouver des solutions.

Vu la complexité de la question, pour assurer la qualité et surtout la propreté de l’énergie à fuel, on a donc décidé d'engager l’expertise technique de Kyoto Club.


GNT : Pouvez-vous nous en dire plus sur les appareils innovants liés a l’énergie et qui seront utilisés durant les trois jours du festival ?

C.B. : Il y a la possibilité d'alimenter certains aspects du festival avec des générateurs à l’hydrogène – l’énergie du futur. Nos partenaires de K-events, en charge de la logistique, ont utilisé des générateurs à l'hydrogène durant les Jeux Olympiques de Turin en 2006, les premiers Jeux ‘Verts’ !


GNT : Le festival Powerstock aspire t-il à être une vitrine du monde high tech respectueux de l’environnement ?


C.B. : Eventuellement, oui, pourquoi pas ? De nombreuses sociétés qui contribuent sur un plan commercial à la création d’une société plus durable se sont intéressées à la sponsorisation de Powerstock. On est heureux d’avoir comme sponsor principal la FIAT, et plus précisément leur technologie hybride Natural Power.


GNT : Enfin, quelles sont les alternatives énergétiques qui seront préconisées par l’intermédiaire du festival ?

C.B. : Plusieurs, car la diversification énergétique est une partie importante d’une solution éventuelle !


GNT : Un petit mot pour nos lecteurs ?

C.B. : Venez fournir vous-mêmes l’énergie alternative de Powerstock. Le public sera la véritable énergie ‘bio’ du festival !


Voici la liste non exhaustive des artistes qui seront présents lors de ce festival se déroulant du 26 au 28 juillet 2007 ( pass à 80 euros ) : Jean Michel Jarre, Moby, Klaxons, Mr Oizo, Black Strobe, Fennesz, The MFA, Planet Funk, Alex Kid etc. Cet événement se situera dans le parc à éoliennes d'Albanella, à quelques dizaines de kilomètres de Salerne, dans le sud de l'Italie. Vous trouverez plus d'informations sur la page officielle : http://www.powerstock.org.