Invitée sur RTL de l'émission " Focus Dimanche ", la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé qu'un nouveau plan national de lutte contre le tabagisme sera prochainement présenté. Il n'est pas prévu pour l'an prochain d'augmenter la fiscalité du tabac qui a déjà connu une hausse cette année. Sachant qu'en 2024, la barre des 11 € devrait être atteinte sur toutes les marques pour un paquet de 20 unités.

Avec un enjeu de santé publique dans un contexte de consommation du tabac qui repart à la hausse dans la population générale, une mesure portera par contre sur l'interdiction des cigarettes électroniques jetables. La fameuse puff aux multiples arômes qui est un phénomène de mode chez les plus jeunes et bénéficie d'une exposition notable sur les réseaux sociaux via des influenceurs.

" Les puffs donnent des mauvaises habitudes aux jeunes. […] On peut nous dire ce n'est pas de la nicotine, mais c'est un réflexe et un geste auquel les jeunes s'habituent. C'est comme ça qu'ils vont vers du tabagisme. Je pense qu'il faut arrêter ça ", a déclaré Elisabeth Borne, en soulignant que le tabac est responsable de plus de 75 000 décès par an.

L'avis de l'Académie nationale de médecine

En début d'année, l'Académie nationale de médecine avait tiré la sonnette d'alarme en présentant la puff comme un piège pour les enfants et les adolescents. Soulignant son prix compétitif, son emballage attractif, ses saveurs sucrées et fruitées, sa disponibilité dans de nombreux lieux, l'institution a écrit que la puff est " élaborée pour être attirante pour les enfants et les adolescents, même lorsqu'elle ne contient pas de nicotine. "

" Cette cigarette électronique jetable induit un phénomène de dépendance au geste de vapotage, qui peut représenter un nouveau mode d'entrée dans l'addiction à la cigarette, renforcée ensuite par l'usage de puffs contenant de la nicotine. "

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Selon un sondage BVA réalisé l'été 2022 pour l'ACT-Alliance contre le tabac, 13 % des adolescents âgés de 13 à 16 ans avaient déjà utilisé la puff. Parmi ces derniers, 28 % avaient " commencé leur initiation à la nicotine " à travers cette cigarette électronique jetable et 17 % d'entre eux " se sont ensuite tournés vers une autre forme de produit de la nicotine ou du tabac. "

Un problème environnemental

Hormis une porte d'entrée vers le tabagisme, un collectif d'une vingtaine de médecins, tabacologues et défenseurs de l'environnement a pointé du doigt, dans une tribune publiée par Le Monde fin avril, un risque majeur pour la biodiversité.

" Au-delà de l'aspect sanitaire, la cigarette électronique jetable est, particulièrement au regard de sa composition et de son caractère non rechargeable, un fléau environnemental. "

" Constituées de plastique, d'une batterie non amovible comportant en moyenne 0,15 gramme de lithium, de sels de nicotine et contenant des traces de métaux lourds, les puffs deviennent des déchets complexes, mal collectés, non recyclés et dont les composants peuvent polluer les sols, les nappes phréatiques et les océans. "