Une étude de référence menée par 160 scientifiques alerte : les récifs coralliens ont quasi certainement dépassé un point de basculement irréversible. Avec un réchauffement à 1,4°C, leur dépérissement s'accélère, menaçant la biodiversité et des millions de vies humaines. L'échéance de la COP30 met une pression inédite sur les dirigeants mondiaux.
La notion de point de basculement climatique hante les discussions scientifiques depuis des années. Ce seuil critique, une fois franchi, déclenche une cascade de conséquences souvent irréversibles pour un écosystème, tel un effet domino à l'échelle planétaire.
C'est dans ce contexte alarmant qu'une équipe internationale de 160 chercheurs vient de publier une étude de référence sur l'état de santé de la planète, avec un focus particulier sur ces mécanismes aux enjeux colossaux.
Un dépérissement sans précédent devenu une quasi-certitude
Selon les conclusions des scientifiques, menés par Tim Lenton de l'université d'Exeter, il n'y a quasiment plus de doute. Les récifs coralliens tropicaux d'eaux chaudes ont très probablement franchi l'un de ces points de basculement.
Avec un réchauffement planétaire atteignant déjà 1,4°C par rapport à l'ère pré-industrielle, ces écosystèmes vitaux subissent une mortalité massive et observée à l'échelle mondiale.
Ce dépérissement affecte directement la survie d'environ un million d'espèces marines et menace la subsistance de centaines de millions de personnes qui en dépendent.
Le blanchissement, symptôme d'une agonie planétaire
Le phénomène est bien connu : le blanchissement des coraux. Sous l'effet de l'augmentation de la température des océans, les coraux expulsent les micro-organismes symbiotiques qui les nourrissent et leur donnent leurs couleurs éclatantes.
Privés de cet apport vital, ils meurent littéralement de faim, ne laissant derrière eux que des squelettes blanchâtres. Ces structures, autrefois de véritables barrières contre l'érosion et des réservoirs de biodiversité exceptionnels, finissent par s'éroder et se désagréger. Les scientifiques notent qu'un épisode de blanchissement massif, d'une ampleur inédite, est en cours depuis maintenant deux ans.
L'objectif de 1,5°C, un dernier rempart sur le point de céder ?
Les chercheurs sont formels : si le réchauffement atteint le seuil critique de 1,5°C, la grande majorité des coraux sera condamnée. Or, cette limite, la plus ambitieuse de l'Accord de Paris, est qualifiée de "sur le point de s'effondrer" par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Le calendrier de publication de cette étude intervient juste avant la pré-COP à Brasilia et à un mois de la cruciale conférence sur le climat COP30, qui se tiendra à Belém, au cœur de l'Amazonie. La pression sur les négociateurs n'a jamais été aussi forte.
Si le tableau est particulièrement sombre pour les coraux, les scientifiques soulignent néanmoins l'existence de "points de basculement positifs". Le développement devenu irréversible des énergies solaire et éolienne ou encore l'adoption croissante des véhicules électriques en sont des exemples concrets.
Cette lueur d'espoir met une pression supplémentaire sur les dirigeants mondiaux attendus à la COP30 : sauront-ils accélérer ces transitions pour éviter que d'autres écosystèmes majeurs, comme la forêt amazonienne, ne suivent la funeste trajectoire des récifs coralliens ? La question reste entière.