Le marché des semi-conducteurs a toujours été hautement stratégique mais la montée des tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine rend les choses encore plus compliquées.

Le gouvernement américain s'inquiète de la montée des ambitions de la Chine en matière de conception, de production et d'utilisation de ses puces, notamment pour des besoins d'espionnage et d'armement.

Il fait tout pour réduire les volumes de composants électroniques utilisant des technologies US et accessibles aux entreprises chinoises et freine autant que possible la disponibilité des équipements avancés nécessaires pour les gravures de composants les plus fines.

La liste noire des USA

Depuis plusieurs années, les Etats-Unis ont placé des entreprises chinoises de la high-tech sur une liste noire restreignant fortement leurs possibilités d'accès aux dernières technologies, de commerce avec des entreprises américaines ou de rachat d'actifs dans le pays.

Si les équipementiers Huawei et ZTE ont été parmi les premiers à subir les foudres du gouvernement US qui n'a pas hésité à invoquer un risque pour la sécurité nationale afin de justifier ses mesures, bien d'autres secteurs sont désormais couverts par la liste noire, des processeurs et cartes graphiques aux puces pour serveurs et intelligence artificielle (notamment lorsqu'elle peut être utilisée pour surveiller la population) en passant par les composants mémoire.

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Alors que cette pression ne cesse de s'intensifier, la Chine a réagi en lançant son propre programme d'investissement dans les semi-conducteurs à hauteur de 143 milliards de dollars (celui des Etats-Unis pour la relocalisation de la production est de 50 milliards de dollars environ) et en déposant une requête auprès de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) contre cette politique US menaçant les échanges internationaux.

Les USA s'obstinent dans leur stratégie de blocage

Cela n'empêche en rien les USA de poursuivre leur stratégie de blocage : le gouvernement vient d'annoncer le placement de 36 nouvelles entreprises chinoises sur sa liste noire, dont une majorité de fabricants de semi-conducteurs.

Elles vont donc avoir beaucoup plus de difficultés pour accéder aux technologies US et feront l'objet d'une surveillance spécifique et d'autorisations pour commercer ou valider des coopérations avec des entreprises américaines.

Dans le lot, on trouve la société chinoise YMTC spécialisée dans les composants mémoire. C'est précisément avec ce fournisseur potentiel qu'Apple discutait ces derniers mois pour envisager l'intégration de ces puces chinoises dans ses produits électroniques, iPhone et iPad en tête.

Cette possibilité avait fait bondir plusieurs sénateurs américains, demandant aussitôt un blocage de cette initiative. La menace semble avoir été mise à exécution, dans un contexte plus large de restriction de l'accès aux composants mémoire les plus avancés.

Le retard technologique de la Chine en matière de composants, estimé à plusieurs années, va donc être plus difficile à rattraper avec l'arsenal de mesures déployées par les Etats-Unis qui utilisent le levier des technologies US.

Mais l'Empire du Milieu cherche précisément depuis des années à gagner son indépendance pour se passer des technologies occidentales. Toutes ces mesures devraient l'inciter à accélérer cette stratégie.