Patrick Drahi a toujours été attaché à conserver le contrôle total de ses entreprises, quitte à les faire sortir de Bourse, mais cette fois, le défi est trop grand. L'opérateur télécom SFR ne performe pas suffisamment pour espérer réduire significativement la dette de 24 milliards d'euros toujours en souffrance chez Altice.
L'homme d'affaires a bien essayé de générer du cash par des cessions d'actifs (les e groupe média BFMTV-RMC, les datacenters...) afin de répondre aux échéances, cela ne suffit pas et les créanciers commencent à s'impatienter.
Un bras de fer s'est engagé pour tenter de trouver un arrangement et Patrick Drahi a tenté de renverser la vapeur en lâchant une part du contrôle d'Altice en échange d'une réduction de dette, mais à ses conditions.
Une dette ramenée à 15,5 milliards d'euros
Depuis des mois, des négociations sont en cours pour trouver le point d'équilibre entre les deux camps. Le Figaro affirme qu'un accord est finalement en bonne voie avec des efforts de part et d'autre.
Les créanciers s'engageraient à effacer 8,6 milliards d'euros de dette, un montant record, en échange d'une prise de contrôle de 45% d'Altice. Fin 2024, Patrick Drahi ne voulait aller plus loin que 20% de cession de capital mais la pression restait forte de la part des porteurs de dette.
Il parvient tout de même à conserver la majorité du contrôle d'Altice en les amadouant avec du cash et des taux d'intérêts renforcés, mais sans devoir réalimenter la restructuration en argent frais.
La dette de SFR va donc tomber à un peu plus de 15 milliards d'euros et Altice peut espérer l'alléger avec d'autres cessions d'actifs tout en repoussant les grosses échéances de dette à l'orée de la prochaine décennie, au lieu d'un remboursement initialement prévu vers 2027. Selon Les Echos, la dette pourrait alors descendre vers 13 milliards d'euros.
Première étape avant consolidation du marché télécom ?
Ces évolutions sont bienvenues alors que l'opérateur télécom n'obtient que des résultats mitigés depuis plusieurs trimestres en perdant régulièrement des abonnés tant fixes que mobiles.
L'enquête pour corruption du bras droit de Patrick Drahi, révélée en 2023, a singulièrement compliqué les affaires de ce dernier, l'obligeant à démontrer des efforts concrets de désendettement, ce qui a déclenché une vague de cessions d'actifs.
Le nouveau pacte avec les créanciers apporte de l'oxygène à Altice en rendant SFR plus présentable financièrement mais le répit pourrait être de courte durée. A moins que Patrick Drahi ne finisse par accepter de céder SFR et faciliter un retour à trois opérateurs sur le marché français ?