Depuis l'arrivée de Free Mobile et la déferlante des abonnés attirés par les forfaits à bas coût du nouvel entrant, c'est une vraie guerre de communication qui s'est engagée contre le nouveau venu mais aussi parfois entre opérateurs.

Car si les trois opérateurs doivent faire face frontalement à la menace du nouvel entrant en révisant les prix d'une partie de leurs gammes de forfaits, il en est un qui joue un double jeu. Orange, en signant un accord d'itinérance 3G avec Free Mobile, alors qu'il n'avait pas d'obligation légale à le faire, peut retirer un certain bénéfice de l'opération ( tant que le réseau de Free Mobile n'est pas en mesure de gérer lui-même le flux ) tout en étant comme les autres attaqué sur les forfaits et devant gérer le départ des abonnés.


Orange et son itinérance envers Free

SFR logo pro Sur ce point, Frank Esser, PDG de SFR, dans un entretien accordé au Monde, estime qu'Orange, en négociant cet accord d'itinérance, qui permet à Free Mobile de pouvoir engranger des clients et proposer un forfait mobile et data attractif alors qu'il n'a pas encore le réseau en propre pour le gérer, est directement responsable des prix si bas proposés par Free Mobile.

" J'ai été frappé par la stratégie d'Orange qui, en signant l'accord d'itinérance, a permis à Iliad de sortir des forfaits si peu chers. Nous avons toujours dit que nous ne signerions jamais un accord pareil ", indique-t-il.

Il égratigne également les affirmations de Xavier Niel sur la qualité de son réseau mobile : " transporter de la voix, cela a encore un coût, malgré les affirmations de M. Niel ", souligne-t-il, quand ce dernier affirme que les services de messages courts de type SMS et les services voix sont solubles dans les réseaux IP.


Lourds investissements pour un réseau de qualité
Frank Esser soutient quant à lui qu'assurer un réseau de qualité et gérer de larges débits de données a un coût certain, difficilement compensable par des forfaits à deux euros comme celui que propose Free Mobile.

De son côté, SFR compte 18 000 sites et a dû installer 3500 antennes-relais supplémentaires en 2011, avec un investissement de 1,6 milliards d'euros pour assurer la migration vers la 3G+ ( HSPA ), offrant des débits supérieurs, pour un réseau mobile couvrant 98,4% de la population.

Sous-entendu, les prix des forfaits des opérateurs mobiles reflètent ces efforts pour assurer une qualité optimale des réseaux mobiles et assurer les investissements nécessaires pour augmenter la capacité, alors que les tarifs proposés par Free sont artificiellement bas.

Pour ce qui est de l'itinérance 2G ( voix et SMS ), pour laquelle Free Mobile a le droit de faire appel aux opérateurs historiques, Frank Esser ne veut pas entendre parler de terminaison d'appel ( TA ) asymétrique  favorable au nouvel entrant. Pour lui, " il n'est pas question d'accepter cette TA asymétrique sur les appels voix et SMS, cela reviendrait à subventionner les offres d'Iliad jusqu'à 7 euros ", SFR étant prêt à saisir l'Arcep si les négociations avec Free Mobile sur la TA n'aboutissaient pas.

Source : AFP