Alors que l'éditeur japonais tente de rassurer les marchés avec son plan de relance interne, une voix discordante et particulièrement puissante vient de se faire entendre pour gâcher la fête.
Et elle ne mâche pas ses mots. Un rapport massif, rendu public pour prendre l'opinion à témoin, vient de tomber pour pointer du doigt tout ce qui ne va pas au royaume du RPG. Ce n'est pas juste une critique passagère, c'est une remise en question totale du modèle actuel.
Un réquisitoire impitoyable de 100 pages
Le fonds singapourien 3D Investment Partners n'a pas fait les choses à moitié. Dans un document fleuve, il dresse un constat sévère : Square Enix sous-performe de manière chronique. L'argumentaire est cinglant et s'appuie sur une comparaison douloureuse avec les autres champions nationaux. Pendant que Capcom enchaîne les records et que Nintendo vit dans sa bulle dorée, la maison-mère de Final Fantasy semble faire du surplace.
Les critiques visent spécifiquement l'incapacité de l'entreprise à transformer ses franchises légendaires en succès commerciaux réguliers. L'investisseur pointe du doigt des marges en berne depuis près de trois ans et une gestion jugée hasardeuse. Pour eux, le constat est sans appel : la valeur de l'entreprise est bien en deçà de son potentiel réel, gâché par une stratégie illisible et un manque d'ambition flagrant face à une industrie qui ne pardonne plus l'erreur.
Des pertes financières qui ne passent plus
Au cœur de la colère de cet actionnaire activiste, on trouve la gestion catastrophique des projets. Le rapport pointe du doigt les dépréciations massives liées aux trop nombreux projets annulés, une habitude devenue coûteuse pour l'éditeur ces dernières années. C'est de l'argent jeté par les fenêtres qui pèse lourdement sur la rentabilité globale et qui inquiète logiquement ceux qui financent la structure.
L'autre point noir soulevé concerne la branche mobile et les titres "HD". Malgré un catalogue de licences en or, l'éditeur peine à reproduire le succès de ses concurrents sur ces terrains. Entre des remasters jugés paresseux et des nouvelles IP comme Forspoken qui peinent à convaincre, la machine à cash semble grippée. L'investisseur dénonce une allocation du capital inefficace qui empêche l'entreprise de décoller alors qu'elle a toutes les cartes en main.
Le plan de relance est-il crédible ?
Face à ces attaques, la direction avait déjà dégainé un plan de "Reboot" pour la période 2025-2027. Mais pour 3D Investment Partners, c'est trop peu et surtout trop flou. Ils exigent bien plus que de simples règlements de comptes médiatiques : ils veulent des métriques claires et une feuille de route précise. Le fonds reproche à l'actuel PDG, Takashi Kiryu, d'avoir botté en touche lors de leurs échanges privés en octobre dernier.
Cette offensive publique est donc un ultimatum. En appelant les autres investisseurs à se manifester, le fonds espère forcer la main du conseil d'administration. L'année 2026 s'annonce donc charnière. Soit l'éditeur parvient à prouver avec des titres majeurs comme Dragon Quest XII ou Kingdom Hearts 4 que sa vision est la bonne, soit il devra plier sous la pression financière et accepter une réorganisation drastique de sa gouvernance.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qui est 3D Investment Partners ?
Il s'agit d'un fonds d'investissement basé à Singapour, spécialisé dans l'activisme actionnarial. Ils détiennent environ 14,6 % du capital de l'éditeur, ce qui en fait un des actionnaires principaux, capable de peser lourdement sur les décisions stratégiques lors des assemblées générales.
Que reprochent-ils exactement à la direction ?
Ils critiquent principalement la stagnation du chiffre d'affaires, les faibles marges bénéficiaires par rapport à la concurrence (Capcom, Bandai Namco) et une mauvaise gestion des projets, entraînant des pertes financières dues à de nombreuses annulations de jeux.
Quels sont les chiffres de production évoqués ?
Le rapport cite des estimations (non officielles) du cabinet Newzoo. Par exemple, Final Fantasy VII Remake aurait coûté environ 115 millions d'euros, tandis que Final Fantasy XVI ne serait estimé qu'à 50 millions d'euros, des chiffres qui interrogent sur la gestion des budgets, bien que leur exactitude soit contestée.