Le rappeur californien Snoop Dogg, figure emblématique du hip-hop, a décidé de claquer la porte de Spotify, le géant du streaming musical. La raison ? Une rémunération qu'il juge scandaleusement basse au regard de sa popularité sur la plateforme. Cette décision, loin d'être anodine, pourrait bien marquer un tournant dans l'industrie musicale et la façon dont les artistes sont rémunérés pour leur travail à l'ère du numérique. L'envergure de la star pourrait ainsi amener d'autres artistes à le suivre pour tenter d'en finir avec le modèle imposé par les géants du secteur.
Un milliard de streams pour une poignée de dollars
Tout a commencé lorsque Snoop Dogg a révélé, lors d'une interview pour le podcast Business Untitled, avoir reçu moins de 45 000 dollars pour un milliard de streams sur Spotify. Une somme qui peut paraître conséquente pour le commun des mortels, mais qui, rapportée à l'échelle de l'industrie musicale et à la notoriété de l'artiste, semble dérisoire. "Ils viennent de m'envoyer un truc de Spotify où j'ai eu un milliard de streams", a déclaré le rappeur. "Mon éditeur m'a contacté. J'ai dit : 'Décompose ça, combien d'argent ça représente ?' Cette merde ne faisait même pas 45 000 dollars."
Cette révélation a mis en lumière les disparités flagrantes entre le succès d'un artiste sur les plateformes de streaming et les revenus qu'il en tire. Pour mettre les choses en perspective, un milliard de streams représente environ 114 années d'écoute ininterrompue. Un chiffre qui donne le vertige et qui rend la rémunération perçue par Snoop Dogg d'autant plus choquante. Situation d'autant plus complexe à encaisser poru les artistes moins populaires qui cumulent péniblement le million de streams par année.
Spotify dans la tourmente
Face à ces accusations, Spotify n'est pas resté muet. Un porte-parole de la plateforme a réagi en affirmant qu'"un milliard de streams sur Spotify génère des millions de dollars pour les ayants droit". L'entreprise suédoise suggère que le problème pourrait venir des intermédiaires qui prélèvent une part importante des revenus avant qu'ils n'atteignent l'artiste. Cette explication n'a pas convaincu Snoop Dogg, qui a décidé de passer à l'action en quittant tout simplement la plateforme.
Cette controverse soulève des questions cruciales sur le modèle économique du streaming musical. Comment les revenus sont-ils réellement répartis entre les plateformes, les labels, les éditeurs et les artistes ? Le système actuel est-il équitable pour les créateurs de contenu ? Ces questions débordent plus largement du cadre du streaming et font plus globalement parti de l'industrie musicale. Néanmoins se pose la question de la nécessité d'une partie des intermédiaires une fois que les titres sont mis à disposition du public.
Tune.FM : l'alternative Web3 choisie par Snoop Dogg
Dans sa quête d'une rémunération plus juste, Snoop Dogg a jeté son dévolu sur Tune.FM, une plateforme de streaming basée sur la technologie blockchain. Cette décision marque un virage significatif vers le Web3, un concept qui promet plus de transparence et de contrôle pour les artistes sur leurs œuvres et leurs revenus.
Tune.FM se distingue par son approche décentralisée et son utilisation de la cryptomonnaie JAM pour rémunérer les artistes. La plateforme promet des paiements instantanés et une répartition plus équitable des revenus, avec 90% des gains qui reviendraient directement aux créateurs. Pour Snoop Dogg, c'est l'opportunité de reprendre le contrôle sur sa musique et ses revenus.
"Je ne m'emmerde plus avec Spotify. Je suis uniquement sur Tune.FM maintenant", a déclaré le rappeur à Billboard, marquant ainsi une rupture nette avec le système traditionnel de streaming.
Un changement de paradigme pour l'industrie musicale ?
La décision de Snoop Dogg pourrait bien être le catalyseur d'un changement plus large dans l'industrie musicale. D'autres artistes pourraient être tentés de suivre son exemple, remettant en question le statu quo du streaming musical. Cette situation pourrait plus largement mettre en lumièreles initiatives misant sur la technologie blockchain dans la gestion des droits d'auteur et la rémunération des artistes.
Andrew Antar, fondateur et PDG de Tune.FM, voit dans ce partenariat une opportunité de révolutionner l'industrie : "Nous sommes ravis d'accueillir Snoop Dogg comme visage de Tune.FM. Snoop est un pionnier qui est toujours à la pointe de la technologie et des nouvelles façons de faire des affaires. Il comprend tout, et nous sommes prêts à conquérir le monde ensemble."
Cette collaboration ne se limitera pas au simple streaming de musique. Snoop Dogg prévoit d'utiliser Tune.FM pour offrir des expériences uniques à ses fans, incluant des événements VIP, des drops de merchandising exclusifs et même des interactions basées sur les NFT. C'est tout un écosystème qui se dessine autour de cette nouvelle approche du streaming musical.
Cette approche très marketing du changement de plateforme aurait ainsi été murement réfléchie et bien programmée suggère que l'artiste n'aurait pas vraiment décidé de quitter Spotify sur un coup de tête. Il s'agit là d'un habile coup de communication pour mettre en avant Tune.FM tout en critiquant Spotify au passage.
L'avenir des plateformes de streaming
De son coté Tune.FM annonce déjà des discussions avec des majors comme Universal Music Group et Sony Music. Des accords qui pourraient propulser la plateforme au niveau des géants du secteur actuel. Spotify, Deeze et Apple pourraient ainsi être bousculés dans les années qui viennent et contraintes de basculer vers un nouveau modèle de diffusion et de rémunération des artistes pour survivre.