La firme Tachyum refait surface avec des spécifications ahurissantes pour son processeur universel Prodigy. Gravé en 2 nm, il promet des performances en IA pulvérisant sur le papier les futurs accélérateurs IA de Nvidia.

Une annonce spectaculaire pour une puce qui, après de multiples retards et refontes, doit encore prouver son existence en dehors des simulations.

L'histoire du processeur Prodigy de Tachyum ressemble à une longue saga technologique, marquée par des ambitions démesurées et des délais à rallonge. Initialement annoncé avec 128 cœurs sur un processus de 5 nm, le projet a été redimensionné à 192 cœurs avant de s'évanouir dans les limbes, sans jamais atteindre la phase de production. L'entreprise revient aujourd'hui sur le devant de la scène avec une nouvelle feuille de route, encore plus audacieuse, pour une puce qui n'existe pour l'instant que sur le papier.

Des spécifications techniques qui défient l'entendement

La nouvelle mouture du processeur Prodigy s'appuie sur une finesse de gravure en 2 nm, un jalon technologique que l'industrie commence à peine à envisager pour la production de masse.

Le modèle phare, baptisé Prodigy Ultimate, embarquerait jusqu'à 1024 cœurs 64-bits cadencés à 6,0 GHz sur un seul socket. La fiche technique s'allonge avec des chiffres qui donnent le vertige : jusqu'à 1 Go de cache combiné L2/L3, 128 lignes PCIe 7.0 et un support de la mémoire DDR5 sur 24 canaux pouvant atteindre la vitesse théorique de 17 600 MT/s, pour une capacité totale de 48 To par socket. Le tout pour un TDP pouvant grimper jusqu'à 1600 W.

Tachyum Prodigy processeur universel

Ces caractéristiques, bien que basées sur des simulations, dessinent le portrait d'un composant aux capacités hors normes. La microarchitecture, de type Out-of-Order, serait capable de traiter 8 instructions par cycle d'horloge et intégrerait les dernières extensions vectorielles et matricielles, la rendant nativement apte aux calculs intensifs pour l'intelligence artificielle et le HPC.

Une performance annoncée comme 21 fois supérieure à Nvidia

Là où Tachyum frappe fort, c'est dans la comparaison directe avec ses futurs concurrents. L'entreprise n'hésite pas à positionner sa puce face à la plateforme Nvidia Rubin Ultra, prévue pour 2027.

Tachyum Prodigy performances

Selon ses projections, le Prodigy Ultimate offrirait des performances en IA jusqu'à 21,3 fois supérieures à celles du rack NVL576 de Nvidia. Une autre variante, le Prodigy Premium, revendiquerait une avance de 25,8 fois sur le Vera Rubin 144. Tachyum affirme même que son processeur sera le premier à dépasser les 1000 PFLOPs en inférence.

Pour segmenter son offre, la société prévoit une large gamme de produits (SKU), allant de 32 à 1024 cœurs. Cette stratégie vise à adresser un large éventail de marchés, des supercalculateurs exaflopiques aux serveurs cloud, en passant par l'analyse de données massives et même le minage de cryptomonnaies.

Ces promesses restent toutefois suspendues à la capacité de Tachyum de transformer ses simulations en silicium fonctionnel.

Le financement est là, mais la route est encore longue

Le principal obstacle au projet a longtemps été son financement. Tachyum annonce cependant avoir récemment sécurisé un investissement de 220 millions de dollars, une somme qui, selon son PDG Dr. Radoslav Danilak, assure le financement du tape-out, l'étape cruciale où les plans du processeur sont envoyés à la fonderie.

Tachyum Prodigy

Cet apport financier est doublé d'une commande de 500 millions de dollars de la part du même investisseur européen, donnant une crédibilité nouvelle au projet. Tachyum promet également un écosystème logiciel ouvert, incluant la compatibilité native avec les binaires x86 d'Intel et AMD, ce qui permettrait une adoption rapide dès le premier jour.

Malgré cet optimisme affiché, le scepticisme reste de mise. Des technologies comme la mémoire DDR5 à 17 600 MT/s ou le PCIe 7.0 ne sont pas encore des standards sur le marché des serveurs, et leur disponibilité même à l'horizon 2027 reste incertaine.

Le défi pour Tachyum est immense : il ne s'agit plus seulement de présenter des chiffres impressionnants, mais de livrer enfin un produit tangible capable de tenir ses promesses.

La prochaine étape sera donc de voir si ce "processeur universel" parvient enfin à quitter le monde des présentations PowerPoint pour entrer dans celui des datacenters.