Etranges sont les déclarations d'Arnaud Montebourg au journal Challenges concernant le rôle de l'Arcep d'arbitre indépendant du gouvernement en matière de régulation télécom. Le ministre du redressement productif, prenant acte du risque de destruction d'emplois provoqué par l'arrivée de Free Mobile et ses tarifs agressifs, estime que le régulateur en est directement responsable.
Comment ? " L'Arcep a fait des choix politiques en lieu et place du politique ", indique-t-il, ajoutant que " l'Arcep s'intéresse exclusivement à la concurrence sans limite. " C'est cette appétence pour une gestion ultralibéraliste qui doit imposer, selon le ministre, de " s'interroger sur le rôle de l'Arcep. "
L'autorité indépendante, et déjà passablement malmenée à l'occasion de l'arrivée de Free Mobile (entre décisions un peu trop favorables et contrôles de couverture critiqués) en tant que quatrième opérateur mobile, pourrait donc ne plus l'être tant que ça et voir ses missions redéfinies selon un principe : " pour le gouvernement, la concurrence doit trouver ses limites dans la préservation de l'emploi ".
Ces déclarations, dont on peut volontiers considérer qu'elles manquent de nuance à force de synthèse, s'inscrivent donc en réaction aux menaces sur l'emploi du secteur, à l'heure où Arnaud Montebourg a appelé pour un relocalisation des centres d'appel en France.
Etranges, les déclarations d'Arnaud Montebourg, car dans le même temps, l'Etat, premier actionnaire à hauteur de 27% dans le capital d'Orange, n'a pas hésité à maintenir le niveau de dividende promis cette année alors que les opérateurs (Orange compris, même si l'accord d'itinérance 3G avec Free Mobile joue un rôle d'amortisseur ) ont commencé à prendre des mesures de réorganisation pour s'adapter à la nouvelle donne, au grand dam des syndicats.
Etrange également de ne pas évoquer les baisses de prix des forfaits pour les consommateurs permises par les régulations et décisions de l'Arcep, dont beaucoup se font en concertation et avec l'aval de Bruxelles.
Toujours est-il que c'est Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique, remplaçante d'Eric Besson, qui sera chargée de dire si l'Arcep est allée trop loin dans ses régulations et de recadrer éventuellement les attributions.
Publié le
par Christian D.
Source :
Challenges
Journaliste GNT spécialisé en mobilité / Ante-Geek des profondeurs du Web et d'ailleurs
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