Le noyau terrestre n'est pas un objet inerte et continu. Il a sa propre dynamique qui peut amener à des modifications de ses caractéristiques. On est encore loin de tout savoir de sa nature et des couches qui le composent.

Il est difficile de voir directement ce qui s'y passe du fait des températures et pressions énormes qui se jouent à ses profondeurs. Les forages les plus profonds n'ont pu aller qu'à un peu plus de 12 kilomètres de profondeur quand le noyau de la Terre démarre à 4800 km de la surface.

Des études ont déjà montré que la vitesse de rotation du noyau pouvait évoluer. Un ralentissement a été observé depuis les années 2010 et le sens de rotation semble pouvoir s'inverser selon un rythme assez régulier de 35 ans.

Mais un autre phénomène a récemment été documenté dans une étude : sa déformation. Puisqu'il n'est pas possible de l'observer directement, c'est par l'analyse des ondes sismiques traversant les différentes couches de la Terre qu'il est possible d'en tirer des conclusions indirectes.

Le noyau interne terrestre n'est pas qu'une boule métallique

La Terre comprend une masse centrale en deux parties composées d'un noyau externe et d'un noyau interne dont on pense qu'il prend la forme d'une boule métallique solide en mouvement au sein du noyau externe liquide.

Cet ensemble en mouvement permanent produit le champ magnétique terrestre nous protégeant des radiations du Soleil. L'arrêt de ce mouvement au sein de la planète Mars a conduit à la perte de la protection du champ magnétique général et la magnétosphère générée, rendant la surface inhabitable.

Image tirée d'une autre étude dont le principe est aussi d'étudier les séismes traversant la Terre

Une étude publiée dans Nature Geoscience a comparé des séries de paires de séismes, c'est à dire des séismes s'étant déclenchés au même endroit et dont la propagation des ondes à travers les couches de la Terre ont été étudiées.

Ces examens comparatifs entre des séries de séismes de 1991 et de 2023 ont mis en évidence des variations dont l'étude plus poussée suggère que le noyau interne a pu changer de forme entre les deux ensembles de mesures.

Une découverte qui ouvre de nouvelles pistes

Il n'y a pas encore d'explications claires à ce phénomène mais il est possible que les mouvements de convection du noyau liquide externe influent sur la forme du noyau dur interne qui peut alors se déformer ponctuellement, formant des creux et des bosses à la frontière entre le noyau interne et le noyau externe ou dans le cas d'irrégularités du champ gravitationnel.

Ces déformations ont-elles un impact à la surface de la Terre ? A priori non. En tous les cas, cela n'est pas encore corrélé à des événements au niveau de la croûte terrestre.

Les aurores, conséquences visibles des mouvements du noyau terrestre

Mais il reste beaucoup à explorer et à comprendre. Ce phénomène de déformation du noyau interne est une nouvelle donnée qui peut aider à mieux cerner le fonctionnement du champ magnétique et ses variations, ainsi que ses inversions régulières dans le temps.

Ces phénomènes ne signalent pas non plus spécialement un arrêt prochain de la rotation du noyau terrestre qui signerait la fin de la vie à la surface, même si sa destinée finale est bien de ralentir sous l'effet d'un refroidissement interne progressif...mais dans un temps très long.

Source : BBC