Elon Musk annonce le début de la production du Cybercab, le robotaxi autonome sans volant, pour le printemps prochain dans son usine texane. Cette annonce, faite lors de l'assemblée des actionnaires, s'accompagne de promesses de cadences de production record et de quelques ajustements de design observés sur les derniers prototypes. Le défi réglementaire, lui, reste entier.
L'annonce a été faite lors de l'assemblée annuelle des actionnaires, quelques instants seulement après que ces derniers ont validé un plan de rémunération colossal pour le dirigeant.
C'est donc dans un contexte de confiance renouvelée qu'Elon Musk a précisé le calendrier de son projet de robotaxi, un véhicule biplace conçu dès l'origine pour une conduite autonome intégrale, dépourvu de pédales, de volant et même de rétroviseurs latéraux.
Un pari industriel aux cadences inédites
Au-delà de la date, ce sont les ambitions de production qui donnent le vertige. S'exprimant depuis la Gigafactory d'Austin, au Texas, où le véhicule sera assemblé, le dirigeant a évoqué des cadences de production record, visant un objectif stupéfiant.
Grâce à une nouvelle approche baptisée méthode Unboxed, où les différentes parties du véhicule sont assemblées simultanément avant d'être réunies en fin de chaîne, Tesla espère atteindre un temps de cycle inférieur à dix secondes par unité.
Un tel rythme éclipserait totalement celui de l'usine, qui assemble actuellement un Model Y en une minute environ. Selon les projections d'Elon Musk, souvent sujettes à caution mais toujours très ambitieuses, cela pourrait se traduire par une capacité de production annuelle de deux à trois millions de Cybercabs, voire potentiellement cinq millions à terme.
Le pari est immense et s'appuie sur une réinvention des processus industriels, plus proche de l'électronique grand public que de l'automobile traditionnelle.
Avec ou sans volant : le débat qui agite Tesla
Le concept même du Cybercab repose sur une rupture : un véhicule sans volant ni pédales, entièrement piloté par le logiciel de conduite autonome de Tesla. Cette vision radicale se heurte cependant à la réalité pragmatique de la sécurité et des réglementations en vigueur.
Des déclarations contradictoires au sein même de l'entreprise illustrent cette ligne de crête. Alors que Musk campe sur sa position d'un véhicule épuré, la présidente du conseil d'administration de Tesla, Robyn Denholm, avait récemment évoqué la possibilité d'intégrer ces commandes comme plan de secours.
L'habitacle initial du Cybercab
Les observations récentes de prototypes en Californie semblent confirmer cette prudence. Des clichés ont révélé des véhicules d'essai équipés de volants et de rétroviseurs, probablement pour des besoins de tests réglementaires.
Ces nouvelles versions montrent également de subtiles évolutions de design par rapport au concept dévoilé en 2024 : une aérodynamique arrière légèrement rehaussée, des portes plus grandes pour faciliter l'accès et des caméras latérales repositionnées pour une meilleure visibilité.
La course d'obstacles réglementaire
Mettre en circulation un véhicule dépourvu d'équipements de contrôle standards n'est pas une simple formalité. Cela nécessite une approbation des régulateurs fédéraux, un processus souvent long et complexe.
La concurrence dans cette course à l'homologation est rude, et les exemples passés invitent à la prudence. Zoox, soutenu par Amazon, a obtenu une exemption pour des démonstrations sur route publique, mais attend toujours le feu vert pour une exploitation commerciale.
À l'inverse, General Motors a essuyé un refus pour son Cruise Origin, un véhicule au design similaire. Waymo, l'acteur dominant du secteur aux États-Unis, a jusqu'ici préféré s'en tenir à des véhicules modifiés, comme des Jaguar I-Pace, qui conservent leurs commandes traditionnelles.
Loin d'être découragé, Elon Musk s'est montré confiant, remerciant même Waymo d'avoir "ouvert la voie". Il parie sur une acceptation progressive du public et des autorités à mesure que la technologie fera ses preuves.
L'échéance d'avril 2026 est désormais gravée dans le marbre, mais elle marque davantage le début d'une nouvelle phase que l'aboutissement du projet. Entre les promesses de production de masse et la réalité des contraintes légales, le chemin du Cybercab vers nos villes reste encore à tracer.