Alors qu'Elon Musk espérait imposer son logiciel Full Self-Driving comme le standard de l'industrie, les constructeurs traditionnels font de la résistance depuis le début.
Entre exigences techniques jugées irréalisables et philosophies de sécurité radicalement opposées, le divorce semble consommé malgré les avertissements du milliardaire.
Un dialogue de sourds confirmé
La situation semblait inévitable pour certains analystes, mais elle est désormais officielle. Sur sa plateforme X, le dirigeant Elon Musk a qualifié la situation actuelle de "folle", déplorant l'attitude des constructeurs historiques tels que Ford ou General Motors.
Selon lui, ces derniers n'ont montré qu'un intérêt tiède, proposant au mieux des programmes pilotes minuscules à l'horizon de cinq ans.
I’ve tried to warn them and even offered to license Tesla FSD, but they don’t want it! Crazy …
— Elon Musk (@elonmusk) November 24, 2025
When legacy auto does occasionally reach out, they tepidly discuss implementing FSD for a tiny program in 5 years with unworkable requirements for Tesla, so pointless. ?♂️
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Le point d'achoppement principal ne résiderait pas uniquement dans la volonté, mais dans la faisabilité technique. Le PDG affirme que les rivaux imposent des exigences d'intégration totalement incompatibles avec l'architecture actuelle du système.
Malgré des offres actives de licence et des avertissements répétés sur le risque de retard technologique, le dialogue semble rompu.
Le choc des cultures de sécurité
Si la version officielle pointe des désaccords techniques, les experts du secteur identifient une cause plus profonde liée à la gestion du risque et à la responsabilité civile.
L'approche de la conduite autonome divise radicalement la Silicon Valley et Détroit. L'industrie traditionnelle s'appuie historiquement sur le "cycle en V", un modèle où chaque fonction est validée de manière exhaustive avant d'être déployée sur la route.
À l'opposé, la stratégie de développement itératif en conditions réelles (bêta publique) privilégiée par le pionnier de l'électrique effraie les départements juridiques des grands groupes...et peut-être pas complètement à tort au regard des investigations menées autour d'accidents impliquant le système FSD.
La question de savoir qui porte la responsabilité en cas d'accident avec un logiciel tiers reste un frein majeur que de simples négociations tarifaires ne suffisent pas à lever.
La concurrence regarde ailleurs
Ce refus de collaborer ne signifie pas pour autant que les acteurs historiques abandonnent la course à l'automatisation. Au contraire, des géants comme Ford ou Toyota tournent le dos à Tesla pour privilégier des partenariats avec d'autres spécialistes, notamment Waymo, la filiale d'Alphabet.
Ces alliances permettent aux constructeurs de conserver une approche plus conservatrice et contrôlée de l'innovation.
Pour le dirigeant de la firme d'Austin, cette réticence est une erreur historique comparable au retard pris sur l'électrification. Il prédit un avenir sombre pour ceux qui n'adoptent pas le FSD maintenant, estimant qu'ils devront, à terme, courir derrière une technologie qu'ils ne pourront plus rattraper.
Reste à voir si le marché donnera raison à l'audace du logiciel évolutif ou à la prudence des processus industriels établis.