Sorti de nulle part, le groupe de rock The Velvet Sundown affole les compteurs sur Spotify. Avec plus de 850 000 auditeurs mensuels en seulement quelques semaines, son succès est fulgurant. Un seul problème, et il est de taille, ce groupe n'existe probablement pas. Ses membres sont des fantômes et sa musique a les stigmates de l'intelligence artificielle.

Des indices qui ne trompent pas

Les doutes se sont vite installés chez les auditeurs les plus attentifs. Les quatre membres du groupe n'ont aucune existence vérifiable en dehors de leur page Spotify et de quelques profils sur les réseaux sociaux.

Un compte Instagram, créé récemment, a achevé de convaincre les sceptiques. Les photos des membres trahissent tous les signes d'une génération par IA. Visages irréellement lisses et symétriques, et une mise en scène avec des hamburgers pour célébrer leur succès.

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La musique elle-même, une sorte de rock psychédélique, contient des paroles sur la poussière et le vent, des thèmes récurrents dans les créations d'un autre groupe suspecté d'être artificiel, The Devil Inside. Deezer a d'ailleurs confirmé que son outil de détection avait identifié les morceaux comme étant du contenu généré par IA.

Un canular dans le canular

Pour complexifier l'affaire, un homme se présentant comme le porte-parole du groupe a contacté le magazine Rolling Stone aux États-Unis, affirmant que la musique était bien générée par l'outil. Peu après, il avouait que son intervention était elle-même un canular destiné à tromper les médias.

Le groupe a depuis démenti tout lien avec cet individu sur sa page Spotify, qualifiant au passage de « faux » un compte à son nom sur la plateforme X. Une histoire dans l'histoire qui montre à quel point la situation est confuse et comment le rapport à la réalité en ligne est de plus en plus fragile.

Le vrai danger pour les artistes

Au-delà du mystère The Velvet Sundown, c'est tout un secteur de l'industrie de la musique qui s'inquiète.

Les IA musicales sont entraînées sur des millions d'œuvres existantes, souvent sans l'accord de leurs auteurs. Ces productions inondent ensuite les plateformes, prenant la place d'artistes humains dans les playlists algorithmiques et les privant de revenus potentiels.

Si Spotify n'impose aucun label pour signaler de telles créations, Deezer se place par contre dans une position d'avant-garde en matière de transparence avec la musique générée par IA.