Le couperet est tombé, mais avec trois ans de sursis. L'obligation d'installer des thermostats programmables dans tous les foyers français, initialement fixée au 1er janvier 2027, est officiellement repoussée à 2030. C'est le ministre de l'Économie, Roland Lescure, qui a confirmé la nouvelle, mettant fin à plusieurs jours de polémique intense alimentée par une partie de la classe politique.

Pourquoi cette obligation de thermostats a-t-elle fait polémique ?

La mesure, issue d'un décret de juin 2023, a provoqué une véritable levée de boucliers. Bruno Retailleau, président des Républicains, a fustigé l'imagination "sans limite" des "bureaucrates", ironisant sur de futurs contrôles sur "l'épaisseur des pulls" et appelant à "arrêter d'emmerder les Français". Dans la même veine, Marine Le Pen, présidente du groupe RN, a dénoncé une "charge énorme" et des "folies normatives". Cette législation a ainsi cristallisé les tensions autour des contraintes écologiques jugées excessives.

Au-delà des critiques politiques, c'est le portefeuille des Français qui était au cœur des préoccupations. Le coût d'un appareil, estimé entre 60 et 250 euros, auquel s'ajoute une installation pouvant coûter jusqu'à 300 euros, représentait une dépense significative pour de nombreux propriétaires. Une charge d'autant plus mal perçue après la suppression, en novembre 2024, du coup de pouce financier initialement prévu, une aide stoppée en raison de suspicions de fraudes.

Quelle est la justification officielle du report ?

Le gouvernement se défend de céder à la pression. Roland Lescure a précisé que cette décision n'était pas une réaction "aux cris d'orfraie de Marine Le Pen" mais avait été annoncée en amont, lors du Congrès des maires. L'exécutif insiste sur le fait qu'il s'agit avant tout d'un ajustement de calendrier et non d'un renoncement politique.

Il a rappelé que ce texte est la transposition stricte d'une directive européenne. Le report à 2030 vise, selon ses termes, à "laisser plus de souplesse" aux ménages et aux professionnels pour s'équiper dans les logements. C'est donc une manière de temporiser sans renier l'objectif de fond, tout en calmant le jeu sur un sujet devenu inflammable.

Quels sont les enjeux concrets de cette mesure ?

Ce délai supplémentaire n'est pas sans conséquence. Le principal objectif de ces thermostats est de mieux maîtriser la consommation d'énergie. Selon l'Ademe, un tel dispositif permet de réaliser en moyenne 15 % d'économies de chauffage, un chiffre que certains professionnels du secteur estiment même sous-évalué.

Nest Learning Thermostat (3)

Le potentiel est donc immense. Avec près de 27 millions de foyers encore à équiper en France, l'impact sur la facture énergétique nationale et sur les objectifs de sobriété énergétique du pays est colossal. Le report retarde d'autant la concrétisation de ces bénéfices collectifs, plaçant le gouvernement face à un dilemme entre acceptabilité sociale et urgence climatique.

Foire Aux Questions (FAQ)

L'obligation d'installer un thermostat est-elle annulée ?

Non, elle est simplement reportée de trois ans. L'échéance est désormais fixée au 1er janvier 2030 au lieu de 2027. La mesure reste en vigueur pour tous les logements, sauf si l'installation est techniquement impossible ou si le retour sur investissement dépasse 10 ans.

Quel est le coût estimé d'un thermostat programmable ?

Le prix de l'appareil seul varie de 60 à 250 euros selon les modèles (connectés ou non). Il faut y ajouter les frais d'installation par un professionnel, généralement évalués entre 150 et 300 euros.

Quels sont les avantages d'un thermostat ?

Il permet de programmer la température du logement selon les heures de la journée et les habitudes des occupants. Cela évite de chauffer inutilement, notamment la nuit ou en cas d'absence, et génère, selon l'Ademe, environ 15 % d'économies sur la facture de chauffage.