C'est un sujet qui revient régulièrement et fait débat : celui de la propriété des jeux que l'on achète (en dématérialisé comme sur support physique). Un sujet qui a récemment été relancé suite à différentes polémiques du côté de Sony mais aussi et surtout chez Ubisoft avec la disparition des jeux The Crew chez les joueurs...
Ubisoft est catégorique : vous n'êtes pas propriétaires
Face aux interrogations et au mécontentement des joueurs, Ubisoft maintient fermement sa ligne : l'achat d'un jeu vidéo ne constitue pas un transfert de propriété. L'entreprise se montre "catégorique" sur ce point, rappelant que les termes légaux encadrant l'acquisition de logiciels diffèrent de ceux d'un bien physique.
Le concept de licence vs propriété
Cette position repose sur la distinction juridique entre la propriété et la licence d'utilisation. En achetant un jeu dématérialisé, le joueur obtient le droit d'utiliser le logiciel conformément aux conditions définies par l'éditeur. Ce dernier reste propriétaire du code et peut, techniquement et légalement (selon les termes de la licence), en modifier ou en révoquer l'accès. C'est cette nuance qui alimente la polémique actuelle.
Le cas "the crew" et la colère des joueurs
Cette réaffirmation par Ubisoft intervient dans un contexte tendu, marqué par la situation autour du jeu The Crew. La fermeture des serveurs de ce jeu de course massivement multijoueur l'a rendu totalement injouable, même pour ceux qui l'avaient acheté. Cet événement a cristallisé la frustration des joueurs face à la précarité de leurs achats dématérialisés et a mis en lumière les conséquences pratiques du modèle de la licence, menant à des actions en justice, Ubisoft étant accusée de tromperie dans une action collective lancée en Californie.
Ce 18 mars, les joueurs ont modifié la plainte en question, ajoutant une neuvième accusation et se tournant vers les crédits du jeu, considérés comme une carte cadeau, système qui fait l'objet d'une loi californienne spécifique qui interdit leur expiration. Ils reprennent d'ailleurs le fait que les codes d'activation sur les boites physiques de The Crew affichaient une validité jusqu'en 2099, laissant entendre qu'Ubisoft maintiendrait le jeu de 2024...
Quelles implications pour l'avenir du jeu vidéo ?
Désormais, Ubisoft a jusqu'au 29 avril pour constituer son argumentaire et plaider sa cause auprès du tribunal de Californie. Dans l'attente, Ubisoft maintient que les joueurs ont signé pour un accès temporaire au jeu, qui, rappelons-le, date de 2014.
Dans l'attente et pour s'éviter de nouvelles procédures, Ubisoft avait fait le choix d'adapter la situation avec The Crew 2 en proposant un mode hors ligne, sans pour autant faire de même avec le premier volet...
Le débat soulevé par Ubisoft et illustré par le cas The Crew pose des questions fondamentales sur les droits des consommateurs à l'ère numérique. Si l'achat d'un jeu n'est qu'une location de droit d'usage révocable, quelle est la valeur réelle de nos bibliothèques de jeux dématérialisés ? Cette affaire relance la discussion sur la nécessité d'une meilleure protection des joueurs et d'une plus grande transparence de la part des éditeurs.
La position d'Ubisoft, bien que juridiquement fondée sur le modèle de la licence logicielle, heurte la perception de nombreux joueurs qui estiment avoir acheté un produit durable. Et la situation ne devrait pas s'arranger alors que de nombreux joueurs pointent du doigt l'envolée démesurée du prix des jeux, sans que les droits de licences ne changent pour autant...