Le rêve d'une transition électrique fluide se heurte violemment au mur de la réalité économique. Ce qui devait être une marche triomphale vers le zéro émission ressemble de plus en plus à un chemin de croix pour les industriels du Vieux Continent.
Pris en étau entre des objectifs réglementaires stricts et des consommateurs qui boudent les modèles à batterie, les patrons de l'auto tirent la sonnette d'alarme avant qu'il ne soit trop tard.
Pourquoi les industriels parlent-ils de "déclin irréversible" ?
La situation est critique et les mots sont pesés. John Elkann, président de Stellantis, n'a pas hésité à évoquer un risque de "déclin irréversible" si l'Europe ne corrige pas le tir rapidement. Les constructeurs automobiles historiques, de Volkswagen à Renault, constatent que la demande pour les véhicules électriques ne suit pas les courbes prévues par les technocrates. Les parts de marché stagnent autour de 16%, bien loin des volumes nécessaires pour rentabiliser les milliards investis dans les gigafactories.
Le problème est double : d'un côté, le coût de l'énergie et de la main-d'œuvre en Europe explose, et de l'autre, la concurrence chinoise inonde le marché avec des modèles plus abordables. Sans un coup de pouce majeur ou un changement de règles, l'industrie craint de devoir fermer des usines et supprimer des milliers d'emplois, incapable de lutter à armes égales dans ce nouveau contexte économique.
Bruxelles va-t-elle reculer sur l'échéance de 2035 ?
Tous les regards sont tournés vers le 10 décembre, date à laquelle l'UE doit dévoiler son nouveau "paquet automobile". L'espoir des fabricants est de voir la Commission assouplir le dogme du tout-électrique. Ils plaident pour une approche plus technologique neutre, qui laisserait une place à d'autres solutions pour réduire les émissions sans tuer le moteur à combustion du jour au lendemain.
Cependant, rien n'est joué. Si l'Allemagne pousse fort pour diluer l'interdiction, la France reste plus divisée sur la question, créant un bras de fer politique au sommet. Le risque est de voir ces discussions s'enliser ou d'aboutir à un report des décisions en 2026, laissant les industriels dans une incertitude stratégique insupportable alors qu'ils doivent planifier leurs investissements sur la prochaine décennie.
Quelles sont les alternatives mises sur la table ?
Pour éviter le mur, les constructeurs proposent de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Ils militent activement pour que les moteurs thermiques puissent survivre après 2035, à condition d'utiliser des carburants neutres en carbone comme les biocarburants ou les e-fuels. Cette flexibilité permettrait de conserver une partie de l'outil industriel existant et de répondre aux besoins des clients réfractaires à la recharge.
L'autre grand cheval de bataille est le retour en grâce des hybrides rechargeables. Longtemps vus comme une technologie de transition, ils sont désormais présentés comme une solution pragmatique à long terme. En combinant une batterie pour les trajets quotidiens et un moteur essence pour les longues distances, ils lèvent le frein de l'autonomie et de l'infrastructure de recharge défaillante, offrant une bifurcation nécessaire pour sauver les volumes de vente.
Foire Aux Questions (FAQ)
La fin des voitures essence est-elle annulée ?
Non, pour l'instant la loi de 2035 tient toujours. Mais les discussions actuelles pourraient introduire des exceptions ou repousser certaines échéances pour donner de l'air aux constructeurs.
Pourquoi les ventes de voitures électriques ralentissent-elles ?
Le prix reste le frein principal, aggravé par la suppression des aides dans certains pays (comme l'Allemagne) et un réseau de bornes de recharge encore inégal selon les régions.
Qu'est-ce que le "paquet automobile" de l'UE ?
C'est un ensemble de mesures attendues pour décembre qui doit répondre à la crise du secteur, potentiellement en ajustant les objectifs d'émissions de CO2 et en proposant des soutiens financiers.