Une frappe ukrainienne sur le complexe aéronautique de Taganrog a pulvérisé l'A-60, un prototype unique d'avion porteur d'arme laser datant de l'ère soviétique.

Des images satellites confirment la destruction de cet appareil expérimental ainsi que d'un autre avion-test, portant un coup sévère aux programmes d'armements avancés de la Russie.

Dans la nuit de mardi, une série d'explosions a secoué l'usine de construction aéronautique Beriev à Taganrog, dans le sud-ouest de la Russie. Ce site est connu comme un centre névralgique pour la maintenance et la modernisation de plusieurs aéronefs militaires stratégiques russes, des bombardiers Tu-95MS aux avions-radars A-50.

Les images qui ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux montraient un incendie majeur sur le tarmac, avec la silhouette d'un avion en flammes bien visible.

Qu'est-ce que l'avion A-60, cette cible si précieuse ?

L'analyse des images satellites a rapidement confirmé les craintes de Moscou : l'appareil détruit était bien l'A-60, un laboratoire volant unique en son genre.

Cce prototype était le seul et unique banc d'essai de la Russie pour un programme d'armes laser aéroportées. Lancé dans les années 1970, le projet soviétique visait à l'origine à développer un laser capable de neutraliser des ballons de reconnaissance à haute altitude.

Remis au goût du jour, il aurait eu pour mission de "aveugler" les capteurs infrarouges des satellites espions. La perte est donc sèche pour la Russie, qui voit un programme expérimental, dont le statut était déjà flou, probablement anéanti.

Une attaque combinée et audacieuse

Les modalités de l'attaque restent sujettes à plusieurs versions. Le ministère de la Défense ukrainien a revendiqué une opération combinant des drones d'attaque à longue portée et des missiles de croisière Neptune.

Initialement conçu comme un missile anti-navire, le Neptune a été progressivement modifié pour des frappes terrestres en profondeur sur le territoire russe. Les drones Bars, quant à eux, font partie d'une nouvelle génération d'engins ukrainiens qui brouillent les lignes entre drone et missile de croisière.

Cette polyvalence illustre une nouvelle fois la capacité croissante de l'Ukraine à projeter sa force loin derrière les lignes de front pour frapper des cibles à très haute valeur ajoutée.

Plus qu'un symbole, une perte stratégique

Au-delà de l'A-60, les images satellites révèlent un second appareil détruit à proximité. Il s'agirait d'un prototype lié au programme d'avion de détection et de commandement aéroporté (AWACS) A-100, le successeur désigné de l'A-50.

La perte d'un avion-test pour ce programme déjà retardé par les sanctions est un autre coup sévère. Ces frappes s'inscrivent dans une stratégie ukrainienne plus large visant à dégrader la flotte d'avions spécialisés russes, épine dorsale de la coordination de ses opérations aériennes et de ses tirs de missiles.

Chaque perte d'un de ces appareils, difficiles voire impossibles à remplacer à court terme, handicape un peu plus l'effort de guerre russe et démontre la vulnérabilité de ses bases les plus stratégiques.