Au rang des nombreux programmes secrets visant à collecter des informations sur les personnes, il faut ajouter à l'arsenal du Department of Justice un système qui permet de suivre en temps réel les déplacements de millions de véhicules sur l'ensemble du territoire américain.
Initialement lancé pour aider la DEA (Drug Enforcement Administration) à traquer les trafiquants de drogue transitant par le Mexique, le programme a pris une ampleur nationale et s'est étendu au suivi de suspects de nombreux autres délits.
Cette extension à l'ensemble du territoire national est une découverte et permet aux autorités d'obtenir un ensemble d'informations sur les conducteurs visés. Elle pose une nouvelle fois la question de systèmes de collecte d'information à grande échelle où ce ne sont plus des suspects qui sont uniquement visés mais l'ensemble des citoyens à partir desquels sont extraits des données.
Par ailleurs, cette collecte repose la question de son encadrement par voie judiciaire, laissant la porte ouverte aux dérives. Le programme secret fonctionne en lisant régulièrement les plaques d'immatriculation à partir de caméras placées sur les grands axes et en constituant des bases de données intégrant direction, heure du déplacement et localisation, avec parfois des photos haute définition permettant d'identifier conducteur et passagers.
Comme pour les écoutes téléphoniques de la NSA (pour des résultats mitigés au regard des moyens déployés), les observateurs s'inquiètent du fait que les informations des citoyens américains innocents alimentent aussi ces bases de données, sans possibilité de contrôle ou d'opposition, et à leur insu, le programme étant secret.
Le programme de suivi des véhicules de la DEA a été relié au dispositif Amber d'alerte en cas d'enlèvement d'enfant. Seule consolation pour les opposants à ce type de système de collecte d'informations, les données ne seraient conservées que trois mois, au lieu de deux ans précédemment.