La Commission européenne et le Parlement ont validé la proposition d'un arrêt des ventes de véhicules thermiques en Europe à partir de 2035 pour coller aux objectifs d'une neutralité carbone d'ici 2050.

Cela va imposer une transition difficile pour l'industrie automobile européenne très tournée vers les motorisations thermiques et qui a peut-être un peu trop attendu avant de s'intéresser à l'électrique, laissant d'autres zones géographiques prendre les devants.

Au moment de signer le projet définitif par l'ensemble des Etats membres de l'UE, l'Allemagne a eu des états d'âme et empêché un vote à la majorité qualifiée. Elle fait valoir que la question des carburants de synthèse, qui pourraient permettre de prolonger la motorisation thermique s'ils font la preuve de leur capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre, n'a pas été suffisamment encadrée.

Bruno Le Maire monte au créneau

Notre voisin européen a une puissante industrie automobile qu'il craint de voir affaiblie par le projet européen et s'est donc finalement rangée du côté des contestaires.

Une nouvelle fois, l'Europe ne fait pas cause commune et l'objectif du passage au tout électrique d'ici 2035 n'est plus aussi certain. L'effet d'une politique forte donnant un cap clair, bien que très contraignant, aux industriels, serait-il en train de se dissoudre dans les négociations alternatives et les combats d'arrière-garde ?

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Et pour le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, ce n'est pas acceptable : "il ne faut surtout pas décaler cet objectif", a-t-il affirmé sur Franceinfo en se disant prêt à aller au bras de fer avec l'Allemagne sur cette question.

Son raisonnement est simple : l'industrie automobile européenne a 5 à 10 ans de retard sur la motorisation électrique par rapport à la Chine et tout décalage supplémentaire ne fera qu'empirer les choses.

Marche forcée vers le tout électrique

La question des carburants de synthèse ne doit pas être une pierre d'achoppement dans le projet plus large de lutte contre le changement climatique. Pour l'homme politique, "on ne peut pas dire qu'il y a urgence climatique et reculer sur l'objectif de passage aux voitures électriques".

Maintenir le flou sur l'objectif de 2035, c'est le danger de voir les constructeurs temporiser en espérant maintenir les motorisations thermiques sans mettre tous leurs efforts sur la motorisation électrique...et laisser les constructeurs étrangers continuer de prendre de l'avance jusqu'à tout écraser sur leur passage.

"Economiquement, c'est incohérent, industriellement c'est dangereux", indique Bruno Le Maire à Franceinfo. Mais si fixer une échéance ferme et un objectif est un bon moyen pour faire avancer les choses, il reste à voir si le tout électrique est vraiment la solution adaptée pour lutter contre le réchauffement climatique.

Le rapport de l'Ademe publié lors du Mondial de l'Auto de Paris en octobre 2022 souligne combien il va falloir modifier en profondeur notre rapport à l'automobile et oublier les réflexes du thermique (les gros SUV, les grosses motorisations, les autonomies XXL...) si l'on veut une transition efficace vers la motorisation électrique.

Source : Francetvinfo