Un nouveau géant de l'astronomie s'est éveillé au Chili. L'Observatoire Vera C. Rubin, fruit d'une collaboration entre la National Science Foundation et le Département de l'Énergie américain, vient de livrer ses toutes premières images. Et le spectacle est au rendez-vous.

En à peine dix heures de test, l'installation a déjà catalogué des millions de galaxies, d'étoiles et plus de 2 100 astéroïdes jamais observés. Les clichés ne sont qu'un avant-goût d'une mission qui promet de produire un film détaillé du ciel et de bousculer notre connaissance du cosmos.

Une caméra pour changer notre vision du cosmos

Perché à plus de 2 600 mètres d'altitude au sommet du Cerro Pachón, le télescope de 8,4 mètres est équipé d'un instrument hors norme : la plus grande caméra numérique jamais conçue. Un instrument monstre de près de trois tonnes et doté d'un capteur de 3,2 milliards de pixels.

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Chaque prise de vue couvre une surface céleste équivalente à 45 fois la pleine Lune, avec une résolution spatiale exceptionnelle. La qualité des images est telle que les astronomes peuvent déjà distinguer les zones de formation d'étoiles dans des galaxies lointaines.

« Faire la plus grande caméra numérique du monde permettra aux scientifiques d'explorer le cosmos de nouvelles manières, et à une échelle qui autorise des découvertes qui devraient fondamentalement changer notre compréhension de l'Univers », s'enthousiasme Aaron Roodman, l'un des responsables du projet.

Une décennie pour filmer l'Univers

Baptisée Legacy Survey of Space and Time (LSST), la mission principale démarrera plus tard cette année. Pendant dix ans, elle balaiera l'intégralité du ciel de l'hémisphère sud toutes les trois à quatre nuits. Le résultat sera une sorte de film en ultra haute définition de l'Univers en mouvement.

Chaque nuit, l'observatoire générera environ 20 téraoctets de données. Au cours de sa seule première année, l'Observatoire Vera C. Rubin recueillera une quantité de données supérieure à celle recueillie par tous les autres observatoires optiques réunis. C'est une véritable révolution qui se prépare.

« Ce n'est pas tous les jours qu'une révolution vous regarde en face, mais c'est précisément ce que l'équipe de l'Observatoire Rubin a réalisé avec les premières images. L'astronomie est à l'aube d'une transformation ! », déclare Matt Mountain, président de l'AURA, l'organisation qui gère le projet.

À la chasse aux mystères et aux menaces

Avec une telle puissance, l'Observatoire poursuit quatre grands objectifs. Le premier est de percer les secrets de la matière noire et de l'énergie sombre, ces composantes mystérieuses qui forment 95 % de l'Univers.

Le télescope va aussi créer un inventaire colossal du système solaire. Les astronomes s'attendent à découvrir des millions de nouveaux astéroïdes, dont des dizaines de milliers de géocroiseurs, un apport majeur pour la défense planétaire. Certains espèrent même qu'il pourrait débusquer la fameuse « planète X ».

Enfin, la mission cartographiera notre Voie lactée avec une précision inégalée, répertoriant 17 milliards d'étoiles et 20 milliards de galaxies. Les données seront accessibles à tous, ouvrant la voie à des décennies de découvertes.