De plus en plus de communes ont recours à l'installation de caméras de surveillance sur la voie publique dans le but de permettre l'établissement de contraventions automatiques, mais surtout de revendiquer une meilleure sécurisation des quartiers. Dans les faits, la situation est loin d'être évidente et ces systèmes entraîneraient des effets pervers loin de combattre la délinquance.
Pour Laurent Mucchieli, Directeur de recherche au CNRS qui a mené une enquête sur le sujet depuis plusieurs années dans trois villes aux profils différents, mais équipées de systèmes de vidéosurveillance, le constat est plutôt accablant.
Selon lui, la vidéosurveillance n'est pas véritablement utile dans la majorité des cas, elle ne se montre ainsi pas d'un grand secours dans les enquêtes policières : "L'aide qu'apporte réellement la vidéosurveillance à la police et la gendarmerie concerne entre 1 et 3% de leurs enquêtes. C'est vraiment peu." En réalité, l'installation de caméras de surveillance ne fait que déplacer la délinquance.
Le sociologue pointe ainsi la démagogie des élus : "Des communes s'équipent massivement sans besoin réel. Dans un contexte de finances publiques qui se raréfient, pourquoi mettre autant de moyens sur la vidéosurveillance ? [...] La vidéo surveillance est détournée pour sanctionner les infractions routières. Pour lutter efficacement contre la délinquance, il faut remettre des policiers sur le terrain."
Si les systèmes sont de plus en plus évolués avec des caméras capables de capturer des images dans le noir presque total, avec une haute définition et qu'elles peuvent être associées à des algorithmes de reconnaissance faciale, il existe une limite somme toute basique : le système ne peut pas surveiller 100% des espaces publics et quand bien même le système le pourrait, il se limite à être spectateur des délits et ne peut les prévenir ou intervenir pour y mettre un terme. Ceci ne s'applique bien entendu pas à l'utilisation des caméras de surveillance par des particuliers ou des entreprises pour surveiller des biens privés comme des maisons, garages ou entrepôts. Ce domaine est d'ailleurs particulièrement actif ces dernières années avec des ventes toujours en progression qui suivent d'ailleurs les progrès de la technologie avec des caméras toujours plus perfectionnées (vision de nuit efficace,...), preuve que le grand public aussi souhaite s'équiper pour assurer sa propre protection.
Pour en terminer sur ces systèmes de vidéosurveillance sur la voie publique, il est également mis en avant le fait que ces outils se retrouvent dans bien des cas détournés de leur fonction principale pour automatiser la verbalisation des véhicules ne respectant pas le Code de la route dans un but de rentabilité non avoué.