Vivendi avait, contre toute attente, annoncé le lancement de négociations exclusives avec Numéricâble concernant le rachat de l'opérateur SFR. Une période de trois semaines pendant laquelle l'ensemble des termes des accords est négocié, mais aussi pendant laquelle rien n'est joué.
Dans cette optique et face à un premier échec, Bouygues contrattaquait en faisant une nouvelle offre impliquant un échange de 1,8 milliard d'euros en cash ( contre 1,4 milliard proposé par Altice et Numéricâble), sans se soucier des accords exclusifs.
Une proposition dont Vivendi a accusé la bonne réception, tout en rappelant que le groupe était en négociations exclusives avec Numéricâble.
Une situation qui place Vivendi sous pression, principalement parce que Jean René Fourtou aurait ainsi reçu une missive de l'Association de Défense des Actionnaires minoritaires, l'invitant à " assurer la transparence de l'information en publiant les deux offres, telles qu'elles ont été adressées à Vivendi (...) d'exposer les éléments relatifs à la valorisation des deux offres." En d'autres termes, les actionnaires ne comptent pas laisser passer une offre pareille sans y jeter un oeil au préalable.
Mais la situation se veut complexe, puisque dans le cadre de négociations exclusives, Vivendi n'a pas le droit d'étudier l'offre de Bouygues, du moins pas sans s'exposer à de lourdes sanctions.
Une source de Vivendi proche du dossier a ainsi récemment partagé à La Tribune " Le conseil de Vivendi ne peut pas regarder cette offre de Bouygues sans s'exposer au risque de procès, de recours pour rupture de l'exclusivité (...) c'est une clause pénale à la discrétion du juge, qui pourrait se chiffre en milliards d'euros de préjudice."
D'autres sources indiquent dans le même temps que " La logique serait de poursuivre les négociations avec Altice jusqu'au 4 avril, puis de réexaminer la situation, éventuellement d'entrer en discussions avec Bouygues. Dans l'intérêt social de l'entreprise, on est obligé de regarder l'offre de Bouygues : signer avec Patrick Drahi tout de suite serait un coup de force incroyable. Bouygues a réussi à bloquer le processus."
Plus question donc pour Vivendi de signer un accord pendant la période de négociations exclusive, du moins pas sans s'attirer les foudres des actionnaires. Bouygues annonçait des rebondissements, il semblerait que le premier soit déjà là puisque l'opérateur vient de s'offrir une seconde chance de récupérer SFR afin de remodeller le marché mobile français selon ses désirs.