Le très populaire service de partage de fichiers WeTransfer s'est retrouvé au cœur d'une vive polémique après une modification de ses conditions générales d'utilisation (CGU). Un changement qui a déclenché une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, forçant l'entreprise à revoir sa copie.

La raison ? Une clause ouvrant la porte à l'utilisation des contenus pour entraîner des modèles d'intelligence artificielle.

La clause qui a mis le feu aux poudres

Tout est parti d'une mise à jour de l'article 6.3 des CGU de la plateforme tardivement repérée. Devant entrer en vigueur à partir du 8 août prochain, elle s'octroyait des droits très larges sur les fichiers échangés.

La version controversée stipulait que l'utilisateur accordait une licence « perpétuelle, mondiale, non exclusive, libre de redevances, transférable et avec possibilité de sous-licence pour utiliser votre contenu à des fins d'exploitation, de développement, de commercialisation et d'améliorer du service ou de nouvelles technologies ou services, y compris pour améliorer les performances des modèles d'apprentissage automatique pour la modération ».

Le texte précisait que cette licence incluait le droit de « reproduire, distribuer, modifier, créer des œuvres dérivées, diffuser, communiquer au public, afficher publiquement et exécuter le contenu ».

Pour les nombreux professionnels de la création ayant recours à WeTransfer afin de transmettre leurs travaux, la pilule n'est pas passée. L'idée que leurs créations puissent être librement modifiées, ou transférées à des tiers pour nourrir une intelligence artificielle, a provoqué une levée de boucliers.

wetransfer

Une colère et une marche arrière express

Sur X et Reddit, les témoignages d'utilisateurs furieux se sont multipliés, beaucoup annonçant leur intention de migrer vers des services concurrents. Cette mobilisation a mis en avant la crainte grandissante de voir des données personnelles et professionnelles exploitées sans consentement clair à l'heure de l'IA générative.

Face à ce bad buzz, la direction de WeTransfer vient de faire machine arrière… ou de mettre les points sur les i, selon les points de vue. Une porte-parole a déclaré à BBC News : « Nous n'utilisons ni le machine learning ni aucune forme d'IA pour traiter les contenu partagé via WeTransfer, et nous ne vendons ni contenu ni données à des tiers. »

Tout en admettant que la formulation avait pu prêter à confusion, la porte-parole de WeTransfer assure que l'intention initiale était uniquement « d'inclure la possibilité d'utiliser l'IA pour améliorer la modération de contenu » et identifier les contenus préjudiciables.

Quelle confiance pour l'avenir ?

La nouvelle mouture de la clause est bien plus concise. Elle se limite désormais à accorder une « licence libre de redevances pour utiliser votre contenu aux fins d'exploitation, de développement et d'amélioration du service ».

Les termes les plus alarmants comme « perpétuelle » ou « créer des œuvres dérivées » ont disparu, tandis qu'il n'est plus fait mention des modèles d'IA. Malgré ce rétropédalage, l'affaire risque de laisses des traces.