Le secteur télécom français, mais aussi européen, est dans une période d'évolution où les équilibres peuvent changer. Jean-Ludovic Silicani, président de l'Arcep, régulateur français des télécommunications, a répondu aux questions du journal Les Echos sur plusieurs des thématiques récentes qui ont secoué ce pan de l'industrie.

Il continue d'observer d'abord que l'arrivée de Free Mobile comme quatrième opérateur mobile français est une bonne chose qui a fait gagner trois milliards d'euros de pouvoir d'achat aux foyers et entreprises, ce qui n'est pas négligeable en temps de crise.

Il reconnaît aussi la baisse de chiffre d'affaires enregistrée par les opérateurs mais note qu'elle dépend  en partie de la baisse des tarifs de terminaisons d'appel, sans effet important sur les marges. Par ailleurs, les niveaux d'investissement dans les réseaux en cours et à venir sont bons avec un record à 7,3 milliards d'euros l'an dernier et sans doute plus de 7 milliards d'euros encore cette année, montant adapté pour faire face à la montée des débits.

Pour ce qui est de la concentration des opérateurs en Europe pour réduire leur morcellement et les rendre plus forts, Jean-Ludovic Silicani estime que vouloir s'inspirer du modèle US (à quatre opérateurs principaux pour tout le pays) serait une erreur : pour en arriver là, le secteur télécom US a détruit des centaines de milliers d'emplois, pour finir à des prix moyens des forfaits plus élevés qu'en Europe.


Fin du roaming, oui, mais doucement. Mutualisation Orange-Free ? A surveiller !
Sur le roaming, il adopte une attitude plus prudente que Neelie Kroes, commissaire européenne aux questions de télécommunications qui veut supprimer les surcoûts d'ici 2016. Il reste sur la position selon laquelle une décision précipitée peut créer de gros bouleversements, bien au-delà de la baisse des coûts pour le consommateur en voyage et demande une transition sur une longue période.

Concernant le marché français et la mutualisation des infrastructures, Jean-Ludovic Silicani rappelle que l'Arcep est favorable à cette initiative depuis longtemps et qu'elle peut accélérer la couverture des zones moins denses. " Nous allons regarder de près la carte des sites et le niveau de couverture de SFR et de Bouygues" pour évaluer les zones où la mutualisation sera permise.

Et si Orange et Free viennent à lancer un projet de mutualisation à leur tour, le président de l'Arcep avertit déjà que "la situation est différente de celle de Bouygues et de SFR. Si un projet Orange - Free nous était présenté, nous serions notamment amenés à regarder les conséquences sur le contrat d'itinérance conclu par Free auprès d'Orange".

Enfin, si l'Autorité de la concurrence a validé le principe d'une mutualisation des infrastructures, la question de la mutualisation des fréquences pourrait finir par s'imposer pour la 4G, "car le spectre disponible n'est pas très large et l'agrégation de fréquences permet d'accroître les capacités de façon exponentielle".

Source : Les Echos