L'opération était ambitieuse mais risquée : en voulant formant un nouvel opérateur géant grâce à une fusion avec T-Mobile USA ( filiale de l'opérateur Deutsche Telekom ) pour un montant d'environ 39 milliards de dollars, AT&T voulait constituer une force en mesure de contrer son concurrent Verizon Wireless, quitte à faire du marché télécom US une sorte de duopole constitué de deux grosses entités pendant que Sprint, numéro trois, serait irrémédiablement distancé.

Or, c'est justement ce risque que n'ont pas voulu courir les autorités antitrust et le gouvernement américain. Dès son annonce, la proposition a vu de sérieuses critiques s'élever tandis que les barrages politiques et de régulation se sont multipliées.

Les représentants d' AT&T ont passé beaucoup de temps à expliquer le bien-fondé de leur démarche qui devait réduire les prix et favoriser l'emploi...quand les régulateurs et les politiques exprimaient un avis exactement inverse.

Curieusement, AT&T et Deutsche Telekom semblaient plutôt confiants dans la réalisation de cette transaction et n'auraient pas prévu d'alternative en cas d'échec. Cependant, seuls contre tous et avec de moins en moins d'espoirs de négociations ou d'arrangements, les deux groupes viennent finalement de jeter l'éponge.

Face à cette tentative de concentration du marché, le gouvernement américain a clairement fait barrage, suivi en cela par la FTC ( Federal Trade Commission ). Il restera donc quatre acteurs principaux sur le marché US, et non deux grosses entités qui auraient capté jusqu'à 75% des abonnés mobiles, ne laissant pas grand-chose aux autres et avec le risque permanent d'une entente sur les prix.


Retour à la case départ
L'échec de cette acquisition va laisser des traces : AT&T va devoir verser une indemnité de 3 milliards de dollars à Deutsche Telekom ( et sans doute 3 milliards de plus en prenant en compte d'autres éléments ) tandis que l'opérateur allemand ne sait toujours pas quoi faire de T-Mobile USA qui plombe lourdement ses comptes.

Les deux opérateurs ont indiqué qu'ils vont mettre en place un accord d'itinérance sur sept ans et tenter de trouver de nouvelles synergies pour leur réseau mobile, mais sans fusion des ressources, les opportunités sont forcément affaiblies.

De son côté, AT&T espérait mettre la main sur les ressources spectrales de T-Mobile USA pour répondre à une demande toujours plus forte des abonnés. Il va falloir maintenant tenter de racheter des fréquences à d'autres opérateurs et faire du lobbying auprès du gouvernement pour monter de nouvelles enchères.