Initialement, Dell Computer devait annoncer ses résultats financiers pour le troisième trimestre 2006 ce jeudi 16 novembre, le même jour que Hewlett-Packard, son éternel rival. Ce dernier aura cependant les coudées franches, car le constructeur texan a finalement décidé d'attendre avant de communiquer sur sa santé financière.


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En pleine tourmente, suite à une enquête menée par l'autorité de régulation boursière américaine, la Securities and Exchange Commission (SEC), et par certaines juridictions fédérales, Dell n'en finit pas de payer la légéreté avec laquelle il a traité, au cours des cinq dernières années, la manière de gérer ses stock-options. L'ancien numéro un mondial des ventes de PC se réjouira sans doute de savoir qu'il n'est pas le seul dans ce cas, mais il doit pour l'heure faire le dos rond, et remettre à la fin du mois l'annonce de ses résultats pour le troisième trimestre 2006, clos fin septembre dernier. Les projections étaient pourtant optimistes, avec un chiffre d'affaires sur ces trois mois estimé à 14,4 milliards de dollars US, stable par rapport à l'année passée. Moins rose, sans doute, sera le bénéfice net par action, cantonné à 0,24 dollar US, soit une baisse de 38% sur un an. Le cours de l'action Dell au NASDAQ s'est bien sûr ressenti de cette annonce, et perdu 2% à la clôture, hier soir, à 25,18 dollars US.

En août dernier, lors du rapport sur son activité au second trimestre 2006 (lequel arrivait avec un retard de plusieurs semaines), Dell avait indiqué que la SEC venait de dilligenter une enquête sur ses finances, et qu'il risquait même de voir la cotation de son titre suspendue. Les demandes pour plus de précisions avait rencontré une laconique série de "No comment" *, tandis que la SEC reportait à une date ultérieure son passage à l'acte. Deux mille six restera sans aucun doute pour Dell une "annus horribili" **, comme aime à le dire Sa Majesté la Reine Elisabeth II : soucis financiers, baisse des ventes, rappel monstre de batteries défectueuses, départ de certains cadres vers la concurrence... Autre témoignage de l'état d'esprit qui règne en ce moment au siège du fabricant, à Austin, Texas, les résultats financiers de ce T3 2006, lorsqu'ils seront rendus publics, ne feront pas l'objet, comme il est de coutume, d'une conférence de presse avec session de questions-réponses ; un simple communiqué de presse fera l'affaire. Les analystes estiment que Dell tente de garder la tête hors de l'eau en échangeant quelques ventes contre de meilleures marges, et refuse donc de consentir les habituels rabais qui ont fait sa réputation. La sortie prochaine d'une nouvelle gamme-bis de machines équipées de processeurs AMD pourrait cependant brouiller le relancer.


Pendant ce temps-là...
Du coup, il en est un qui boit du petit lait. C'est Hewlett-Packard, qui devrait annoncer ses propres résultats aujourd'hui, et aura de fait les coudées franches. Malgré le récent scandale qui l'a secoué, le constructeur texan s'est repositionné en tête des ventes mondiales de PC, et sa santé financière ne se dément pas : HP prévoit un chiffre d'affaires global de 91,2 milliards de dollars US pour 2006, et un bénéfice net par action de 2,18 dollars US (+ 34% par rapport à 2005 sur ce dernier point). Le tout sur un marché domestique du détail dont Dell (qui pratique la vente à distance) est absent, et qui connaîtra en 2006 une hausse de plus de 24%, avec notamment un engouement sans précédent pour les PC portables, dont on attend une hausse des ventes de près de 50% par rapport à 2005. Dans ce contexte, la politique de la tortue pratiquée par HP ("chi va piano va sano, e chi va sano va lontano" ***, c'est bien connu...) aura eu raison de celle, plus explosive, de Dell.

Au sens propre comme au figuré...



* En anglais : "Sans commentaire".

** En latin : "Une année horrible".

*** En italien : "Qui veut voyager loin, ménage sa monture"...