La TMP ( Télévision Mobile Personnelle ) devait permettre d'apporter au plus grand nombre la télévision sur les terminaux mobiles en dépassant le modèle actuel, qui fonctionne via les réseaux mobiles 3G, en créant un nouveau réseau de diffusion utilisant la norme DVB-H.

Après plusieurs retards, des difficultés pour se décider définitivement sur le standard à adopter et pour trouver un modèle économique adéquat, le projet TMP est toujours fin 2010 au point mort, malgré des efforts de conciliation.

Il y a presque un an, nous présentions un dossier rappelant les enjeux et les perspectives de la TMP, associé au point de vue de la société française DiBcom, spécialisée dans la production de modules de réception de la TV Mobile sous divers standards.

A-t-on avancé sur le dossier durant l'année écoulée en France et ailleurs ? Les positions, notamment celles des opérateurs mobiles, ont-elles évolué alors que de nouvelles technologies réseau à très haut débit comme LTE ( Long Term Evolution ) commencent à être déployées dans le monde ?

Yann Lévy, PDG de DiBcom, propose dans une nouvelle Tribune Libre de faire le point sur l'état du marché et propose des pistes pour relancer l'idée de la TMP en France.

 

La TMP en Inband, grâce à la TNT : une solution d’avenir



Quid de la situation de la TNT et de la TMP en France ?

Le passage de la télévision analogique au numérique (switch-off), qui sera terminé fin 2011, devrait d’une part améliorer de manière significative les couvertures outdoor et indoor de la TNT. Et d’autre part, conduire à plusieurs centaines de millions d’euros d’économie pour les éditeurs de contenu historiques à fin 2011.
 
Tandis que l’on trouve dans le commerce des téléviseurs LCD de 50 cm équipés d’un tuner TNT en DVB-T à moins de 180 Euros T.T.C., ce qui pousse les consommateurs à équiper de nouvelles pièces de la maison, comme ce fut le cas aux U.S.A. depuis de nombreuses années (environ 3 télévisions par foyer), le signal DVB-T est aujourd’hui largement insuffisant pour recevoir la TNT en environnement portable. Les éditeurs historiques se retrouvent ainsi soumis à une concurrence forte d’autres chaînes disponibles sur les bouquets des opérateurs télécom, qui feront ainsi baisser leur audience relative lors du « switch-off ».

 
Quant à la TMP, le paysage a fortement changé depuis 2005 grâce au WiFi, qui offre désormais une solution Indoor (intérieur des bâtiments) adaptée à la réception de la télévision sur téléphones portables par les nombreuses applications de streaming disponibles de la part des éditeurs de contenu. La nécessité d’une couverture Indoor en TMP est donc moins importante à ce jour que lors de la première analyse du marché de la TMP.

Opérateurs, éditeurs et fabricants ne croient plus au modèle TMP payant

De nombreuses communications officielles de la part des opérateurs mobiles français ont montré qu’ils ne sont pas prêts à financer un réseau de TMP pur, car la seule saturation potentielle des réseaux 3G ne justifie pas un tel investissement. Ces opérateurs préfèrent se rabattre à terme sur des solutions Broadcast 3G telles que l’IMB ou attendre des solutions Broadcast en cours de développement et d’intégration dans le LTE.  Même constat pour les éditeurs de contenu qui ne sont pas décidés à financer un réseau de TMP, car le modèle publicitaire ne saurait apporter les revenus supplémentaires suffisants pour le financer (comme ce fut le cas en Corée). 

Du côté des fabricants de circuits intégrés et de téléphones portables, ces derniers ne croient plus au modèle TMP payant qui a conduit à des volumes trop faibles, et donc à un succès commercial limité. A l’étranger, les réseaux de TMP ayant été construits exclusivement pour de la TMP n’ont pas fonctionné commercialement (DVB-H en Italie, Suisse et Autriche ; T-DMB en Corée et Media-Flo aux Etats-Unis). A l’inverse, les réseaux In-band « TNT/TMP » ont fonctionné commercialement et le modèle continue à se développer notamment au Japon, Brésil et Argentine grâce à la norme ISDB-T qui offre cette possibilité technique du In-band par construction.

Le Inband « TNT/TMP » : un nouveau modèle

Si l’on prend en compte ces divers constats, il est important de bâtir un modèle In-band « TNT/TMP » semblable aux modèles Japonais ou Sud Américains pour espérer réussir en France et en Europe. DiBcom propose que la TMP et la TNT soient combinées sur un même réseau en France. Pour ce faire, il existe deux possibilités.  La première d’ici 2011 consisterait à densifier d’une part les réseaux de TNT dans les villes grâce à la baisse de coût liée à l’extinction de la TV analogique. Et d’autre part, équiper les zones suburbaines en DVB-T ou en DVB-SH par des répéteurs terrestres et rurales par satellite en DVB-SH. Les terminaux pourraient alors aisément recevoir le DVB-T en UHF, le DVB-SH en UHF et le DVB-SH en bande S pour recevoir le signal en et hors des villes, et ceci dès 2011. Des terminaux équipés de cette puce existent déjà sur le marché. Dans le deuxième cas de figure (pas avant 2014), il est possible que la France suive le mouvement du DVB-T2 initié dans de nombreux pays européens (Grande-Bretagne, Suède, …). Il serait alors possible d’utiliser un mode permettant de transmettre une chaîne en HD ou 3D et en parallèle un mode mobile en plus basse définition, le DVB-T2 permettant en effet de transmettre la TMP en mode In-Band grâce à l’extension DVB-NGH encore en cours de définition.

Tous ces éléments convergent aujourd’hui vers un seul modèle commercialisable à court terme, celui du Inband pour la réception de la télévision numérique et mobile à partir d’une seule et même infrastructure.