Pour développer leurs activités en Europe, les grands groupes américains, largement soutenus par le gouvernement US, souhaiteraient que la Commission européenne lâche du lest sur la protection des données personnelles des utilisateurs.
Présenté comme un effort d'harmonisation des régulations entre les USA et l'Europe, le projet obligerait surtout le Vieux Continent à lever certaines protections justement mises en place pour empêcher les industriels de prendre un contrôle exorbitant de la vie privée des consommateurs, protections que l'Europe souhaiterait faire appliquer au niveau mondial.
Le Financial Times indiquait récemment que les parlementaires s'agaçaient du lobbyisme intense dont ils font actuellement l'objet pour assouplir la réglementation et pointait du doigt les différences de perception entre les deux continents sur la notion même des données personnelles.
Le gouvernement américain met en balance des arguments économiques, estimant que la législation actuelle freine les opportunités commerciales par des blocages administratifs. Tout en se disant dans le même camp que l'Europe et les autres démocraties sur ces valeurs, il met en avant le droit des sociétés à choisir le cadre légal le plus adapté à leurs besoins.
On retrouve ici la vision décomplexée d'un Google, dont le président du conseil d'administration Eric Schmidt justifiait les mesures légales d'évasion fiscale, ou d'un Larry Page, son CEO, affirmant que son service Google Now n'aurait pu voir le jour sans le croisement des données personnelles des utilisateurs de ses différents services, et donc la constitution d'une base de données pour chaque utilisateur à partir de son usage des services.
Le projet de cadre européen entourant la protection des données et de la vie privée commun à l'ensemble la zone Europe n'a donc pas fini de faire l'objet d'intenses tractations.