Une proposition de législation visant à mieux contrôler les transferts de contenus pour adultes depuis Internet est en train de voir le jour aux Etats-Unis.

Est-ce par hasard si cette initiative a vu le jour dans l'Utah, état profondément religieux, et où les Mormons ont élu domicile au dix-neuvième siècle' En tout cas, une proposition de loi émanant de cette partie des Etats-Unis vise à mieux réguler les échanges de contenus pour adultes sur Internet.

En comparant Internet au Far West des westerns de notre enfance, le père de ce projet, Ralph Yarro n'a pas tout à fait tort: on rencontre sur le Web à peu près tout et n'importe quoi, y compris parfois ce qu'on souhaiterait ne pas y trouver. Il en est ainsi des contenus pudiquement qualifiés de "réservés aux adultes", comme, entre autres, les films et vidéos pornographiques.

Ralph Yarro, au sein de son groupe de réflexion, Think Atomic Inc., a donc entrepris, avec deux sociétés d'informatiques (Altiris et SCO Group), d'élaborer une stratégie afin de mieux canaliser les transferts de contenus pour adultes sur Internet, tout en rappelant que la censure n'est pas à l'ordre du jour.

"Nous sommes des hommes d'affaires", rappelle-t-il. "Nous sommes attachés au Premier Amendement de la Constitution américaine (qui garantit le droit d'expression; NdT), mais en tant que pères et maris, nous avons adopté une attitude responsable sur cette question."

De ces échanges d'idées est né une organisation à but non lucratif, le Projet CP80, pour Clean Port 80 (Nettoyer le port 80).

Yarro et ses associés se sont en effet rendu compte que le port 80 (sur plus de 65.000, dans un PC moderne), cette porte ouverte sur Internet, était l'accès de prédilection des téléchargement de films pour adultes, mais également pour certaines chaînes sportives câblées. L'idée est donc de réserver à la pornographie sur Internet ce port-là, ou quelques autres, afin de mieux filtrer l'accès des enfants et adolescents à ces contenus sensibles.

La partie technique du projet ne pose aucune difficulté particulière, puisqu'il est parfaitement possible, avec un bon pare-feu, de bloquer complètement un port donné, tant en émission qu'en réception. C'est en fait sur la partie juridique que nos compères butent actuellement, car sans législation appropriée, et sans la volonté politique de la faire appliquer, rien ne pourra empêcher des émetteurs de programmes pornographiques d'inonder d'autres ports de nos ordinateurs. D'un autre côté, sachant que ce "business" génère chaque années, sur les seuls Etats-Unis, plusieurs milliards de dollars de chiffres d'affaires, et fait vivre plusieurs centaines de milliers de personnes, il n'est évidemment pas question de l'interdire purement et simplement.

Un moyen terme pourrait donc être trouvé en faisant passer une loi réglementant de manière plus stricte les accès réservés aux contenus pour adultes sur nos ordinateurs. Une commission sénatoriale ad hoc a entendu plusieurs témoins à ce sujet, et semble considérer l'initiative de Mr Yarro  avec bienveillance.

Les consommateurs de ce type de produits ne seraient pas pénalisés, puisqu'ils pourraient continuer de s'adonner à leur vice sans risquer de poursuites judiciaires. Les autres se sentiraient rassurés de savoir qu'en bloquant un port –ou une série de ports—sur leur ordinateur, ils interdiraient l'accès de leurs enfants à des contenus susceptibles de les choquer.

Si l'idée reçoit l'audience qu'elle semble mériter, elle couperait court aux polémiques qui entourent le contrôle parental et les filtres sur Internet, pas toujours très efficaces, ni l'un ni l'autre.

De telles initiatives pourraient bien s'exporter vers notre vieille Europe, où la pornographie sur Internet est aussi présente qu'ailleurs.

Reste à savoir que faire des réseaux de P2P qui sont, rappelons-le, le principal vecteur de ces contenus "pour adultes"…



Source : Slashdot