Dans sa mission de lutte contre le piratage, le nouveau rôle de la Hadopi commence à prendre forme. Après des débuts centrés sur les échanges via les réseaux en P2P avec comme arme de lutte la fameuse réponse graduée, la Haute Autorité a dans sa ligne de mire le streaming et le téléchargement direct.

Ce n'est pas une surprise dans la mesure où ce recyclage avait déjà été évoqué à plusieurs reprises dont dans un rapport remis en mai dernier au ministère de la Culture et de la Communication. Un point important indiqué vendredi par la Hadopi est que cette évolution se fera à " droit constant ", et donc en s'appuyant sur les textes législatifs déjà existants.

La Hadopi veut s'attaquer au streaming et au téléchargement direct illicites non pas du côté des utilisateurs mais de celui des sites qualifiés de massivement contrefaisants. Les armes étaient déjà connues : une information du public, un assèchement des ressources financières de tels sites, la création d'une injonction de retrait prolongé.

Dans un communiqué, la Hadopi indique notamment vouloir définir avec les intermédiaires de paiement et de publicité en ligne des " protocoles décrivant les actions pouvant être mises en œuvre pour assécher les revenus des sites Internet massivement contrefaisants ou rendre plus difficile leur activité. "

Ces sites devront être recensés et le public informé. Une sorte de liste noire en somme. Pour les œuvres contrefaisantes signalées par les ayants droit, un " retrait durable " d'un site va nécessiter au préalable une " cartographie des différentes technologies de reconnaissance de contenus et l'évaluation de leurs conditions d'utilisation. "

Autrement dit, un système d'empreintes numériques qu'un gros site comme YouTube emploie déjà, mais cela sera plus compliqué pour des sites aux finances beaucoup plus limitées. Le ton de la Hadopi est volontaire mais ces " orientations " ne seront pas si simples à mettre en œuvre.

Cet été, l'Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle a publié une étude selon laquelle 13,2 millions d'internautes en France ont consulté chaque mois au moins un site dédié à la contrefaçon audiovisuelle ( en 2013 ).