Pour Hewlett-Packard, l'année fiscale se termine bien mieux qu'elle n'avait commencé, dans le sillage des licenciements de l'année dernière, et de la mauvaise presse qui s'en était ensuivie. Ce doit être cela, la faculté à rebondir...


"Dégraissages" profitables...
Après avoir viré plus de 15.000 employés, voici à peine un an, Hewlett-Packard affiche à nouveau une santé insolente : la marque californienne a reconquis sa place de numéro un mondial des ventes de PC au détriment de Dell, tout en gardant ses distances face au prétendant de plus en plus sérieux qu'est Lenovo. Pour son exercice fiscal 2006, HP annonce des chiffres chargés de promesses, mais l'on sait qu'en informatique, il est parfois dangereux de se bâtir des chateaux en Espagne. Au sens figuré...

Pour autant, le résultat annoncé hier par Hewlett-Packard devrait rassurer les actionnaires, les clients... et les salariés du groupe : le dernier trimetre pris en compte (août-septembre-octobre 2006) s'est terminé sur une note de profit à hauteur de 1,7 milliard de dollars US (soit un bénéfice net par action en hausse de 0,60 dollar US), en augmentation de 14% par rapport à la même période un an plus tôt. Le chiffre d'affaires sur ces trois mois s'est établi quant à lui autour de 24,6 milliards de dollars US (+ 7%). En d'autres termes, HP a gagné plus d'argent avec moins d'argent. Explication.


Rentabilité
Plus que le chiffre d'affaires, ou même que le profit net, ce qui compte le plus dans une entreprise industrielle du calibre de Hewlett-Packard, c'est la rentabilité, autrement dit le rapport entre le bénéfice net avant impôt et réintégrations et le revenu consolidé du groupe. Dans le cas de HP, le chiffre d'affaires a cru de façon modérée, mais les profits se sont envolés, preuve que la gestion drastique instillée par Carly Fiorina, puis maintenue par ses successeurs--dont Pattie Dunn, sur le départ--, a porté ses fruits. Les actionnaires ont de quoi être satisfaits, avec une hausse du bénéfice brut par titre proche des 70 cents, qui doit cependant être amputé de frais de restructuration, mais qui dépasse largement les espérances des plus optimistes. Au final, le profit net du groupe pour l'exercice fiscal 2006 s'établit à 6,2 milliards de dollars US, soit une hausse de 158% (!) par rapport à 2005, où il stagnait à 2,4 milliards. Le bénéfice net par action est fixé à 2,18 dollars US, soit une hausse de 166% par rapport aux performances de 2005 (seulement 0,82 dollar US à l'époque).

Le PDG de HP, Mark Hurd, reconnaît d'ailleurs que cet exercice 2006 est le plus représentatif des qualités de la marque depuis bien longtemps : toutes les divisions du groupe sont bénéficiaires, et tous les secteurs géographiques où HP est présent également. L'activité informatique grand public et PC notamment, qui a renforcé sa compétitivité au cours du dernier trimestre, et rapporté plus de 336 millions de dollars US au cours de cette période (200 millions un an plus tôt) ; le chiffre d'affaires de cette branche a augmenté de 10%, et même de 24% pour les seuls PC portables. C'est essentiellement le marché des particuliers qui a porté ces résultats (+ 19% contre seulement + 4% pour la clientèle professionnelle), une grande force de HP. A l'inverse, son premier concurrent, le Texan Dell, est beaucoup plus dépendant des achats des entreprises, ce qu'il a payé en perdant sa place de leader mondial, il y a un mois.


Une avenir plus flou
La direction de Hewlett-Packard s'interroge sur le démarrage de l'exercice 2007, notamment en raison du différé dans le lancement de Windows Vista, mais sait pouvoir compter sur la bonne santé de ses autres métiers, notamment dans le domaine des imprimantes, qui ont représenté cette année plus de 1,1 milliard de dollars US de profit pour la firme de Palo Alto (quasi-stable sur un an), avec un chiffre d'affaires en hausse de 7%. Autre raison de se réjouir, la bonne santé des produits destinés à satisfaire les besoins des entreprises : les serveurs et unités de stockage de masse ont connu une embellie à hauteur de 4%, pour s'établir à 4,7 milliards de dollars US de chiffre d'affaires, avec un profit opérationnel supérieur à 502 millions de dollars US (+ 24%).

La branche Logiciels de HP a connu de nouveaux ajouts, cette année, notamment avec le rachat de Mercury Interactive, officialisé il y a quelques jours. Une feuille de route plus précise devrait être publiée dans les prochaines semaines, qui nous renseignera sur les perspectives dans ce domaine. Et si les analystes se disent un peu déçus de la faible hausse de chiffre d'affaires pour l'année fiscale 2006, la direction de Hewlett-Packard rappelle que le cap critique des 100 milliards de dollars US approche à grand pas, et avec lui des contraintes financières qui ralentissent la croissance. Un peu comme lorsqu'un sprinter va chercher les derniers centièmes de secondes.

HP n'est pas pour autant tiré d'affaire, notamment en raison des procès auxquels il va bientôt être soumis, et ne pourra pas éternellement compter sur des licenciements comme variable d'ajustement. "Nous ferons encore mieux l'an prochain", a déclaré en conclusion Mark Hurd lors de la conférence de presse d'annonce des résultats de 2006.

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