L'anticipation fait partie des clés du succès des entreprises mais lorsqu'on est leader mondial d'un secteur, peut-on s'en désengager en prévision d'une mutation profonde du marché ? C'est l'expérience que semble décidé à tenter le groupe HP et son CEO Leo Apotheker, à l'occasion de la présentation des résultats financiers de son troisième trimestre fiscal 2011.

En soi, le bilan n'est pas mauvais. La société affiche un chiffre d'affaires stable, à 31,2 milliards de dollars ( +1% sur un an ), une marge opérationnelle en progression et un bénéfice net de 1,9 milliard de dollars, soit 9% de mieux qu'au même trimestre l'an dernier.

Mais comme son concurrent Dell quelques jours avant, HP se prépare à des temps difficiles. Les ventes d'ordinateurs grand public chutent rapidement sur les marchés établis et rien ne semble pouvoir en enrayer la chute. Par ailleurs, la vente de ces ordinateurs n'offre pas une grande rentabilité, ce qui finit par peser sur la dynamique du groupe.

Et si tablettes et smartphones prennent de l'importance et reportent les achats de nouveaux ordinateurs chez les particuliers, HP ne croit plus en sa capacité à pouvoir se faire une place avec sa propre plate-forme dans ce domaine et d'en faire un relais de croissance.

Le système WebOS, obtenu avec l'acquisition du fabricant Palm en 2010 pour plus de 1 milliard de dollars, ne sera donc pas le levier qui devait permettre à HP de se positionner dans l'informatique nomade grand public.

Dominateur aux premières heures des PDA au début des années 2000, HP n'est jamais sorti d'un cadre professionnel qui l'a tenu éloigné de la forte croissance du marché tirée par les ventes de gadgets électroniques grand public.

WebOS aurait pu apporter un élément différenciant par rapport aux poids lourds que sont devenus iOS et Android mais le réveil a été trop tardif. HP peut encore espérer intégrer WebOS dans divers systèmes  mais l'aventure Palm, même sous l'aile protectrice d'un grand groupe, semble être terminée.


Quitter le marché avant son effondrement, trouver de nouveaux relais
Face à ces mutations en cours du marché, Leo Apotheker prend le taureau par les cornes et annonce la possibilité d'une vente de sa division PC ou de sa transformation en entité indépendante, à l'image d'un IBM il y a quelques années...ou d'un Motorola et sa division mobile plus récemment.

HP veut maintenant miser sur des activités plus rentables comme le software ( ce qui ne va pas manquer d'énerver Larry Ellison, patron d' Oracle, en bisbille avec Apotheker ), une branche qui a progressé de 20% sur un an, tandis que ses services ont gagné 4%. L'annonce du rachat de l'éditeur Autonomy pour plus de 10 milliards de dollars est un signe fort en ce sens.

Comme Dell, HP s'attend à un ralentissement de son activité à court terme. Le trimestre en cours devrait rester stable, même si les estimations sont déjà inférieures aux attentes des analystes, mais sur l'ensemble de l'année fiscale, HP s'attend à un chiffre d'affaires autour de 127 milliards de dollars, contre une fourchette de 129 à 130 milliards de dollars précédemment.

Cette perspective limitée, et les différentes annonces plutôt perturbantes réalisées par le groupe, ont conduit le cours de HP à chuter durement de 10%, dans un contexte global déjà maussade qui a fait plonger la plupart des grandes places boursières.