Actuellement, le passage à IPv6 est essentiellement légitimé par la pénurie d'adresses en IPv4. Avec un codage sur 32 bits, les possibilités de IPv4 sont de 4,3 milliards d'adresses, ce qui n'est en réalité plus grand-chose au regard de l'explosion du nombre d'appareils connectés qui va se poursuivre avec l'Internet des objets.

Cisco-Internet Plusieurs organismes en charge de la gestion et de l'attribution des adresses IP ont déjà tiré la sonnette d'alarme, dont dernièrement le registre régional d'adresses IP pour le continent asiatique et les pays du Pacifique.

À travers le monde, l'heure est au rationnement pour les adresses IPv4. Face à ce problème, la solution prônée de longue date, mais dont le déploiement est encore timide, est IPv6. Avec un codage sur 128 bits, IPv6 offre un nombre quasi infini d'adresses, soit 3,4 x 10^38 ou 340 sextillions de possibilités.

IPv6 peut en outre apporter plus de sécurité dans la mesure où avec beaucoup plus d'adresses, les cybercriminels auront plus de mal à cibler des victimes. Le support d'IPSec - utilisé pour authentifier l'origine d'un paquet IP - permet lui de s'assurer de la légitimité de messages.

A priori, IPv6 n'apporte pas d'améliorations pour les performances Web mais dans un billet sur le blog de la communauté ARIN, le registre régional d'adresses IP pour l'Amérique du Nord, Blake Crosby estime que cela est bel et bien le cas.

L'expert, qui travaille chez l'opérateur de CDN Fastly, liste une série d'arguments qui plaident en ce sens. Il évoque ainsi le fait que IPv6 ne fragmente pas les paquets ( datagrammes ) et donc un bénéfice en temps de calcul pour les routeurs qui pourront l'utiliser afin de faire transiter les paquets plus rapidement sur le réseau. De même, les routeurs ont une charge en moins en n'ayant pas besoin de passer du temps à vérifier l'intégrité de l'en-tête IPv6 pour les paquets TCP.

Blake Crosby souligne également moins de calcul pour les routeurs dans la mesure où l'en-tête d'un paquet IPv6 est beaucoup plus simple que celui pour IPv4. " Cela rend beaucoup plus facile de traiter ces paquets qui circulent à travers l'équipement de routage. "

Un autre argument est l'option jumbogram pour IPv6 qui permet de porter la taille maximale d'un paquet à 4 096 Mo ( au lieu de 64 ko ). " Cela va permettre de réduire le nombre d'allers-retours nécessaires pour télécharger les données. "

Sans le besoin d'avoir recours au routage triangulaire, l'expert ajoute aussi que IPv6 aura un impact significatif sur les performances avec le Web mobile. " Les paquets ne doivent pas être acheminés par un home agent ( ndlr : un agent personnel est un routeur sur un nœud mobile d'un réseau qui enregistre l'information sur la localisation d'un appareil ). "

D'après le rapport de l'opérateur de CDN Akamai sur l'État des lieux de l'Internet au premier trimestre de l'année, la France était dans le Top 10 des pays pour le trafic en IPv6 avec 4,5 % de son trafic Internet en IPv6. Le leader mondial est la Belgique avec 14 %.

Akamai-trafic-IPv6-T1-2014