C'est une tribune cinglante que vient de publier le Liberation, rédigée par Jean Labadie, véritable figure du cinéma français qui se soulève contre la banalité dans laquelle est progressivement tombé le piratage des oeuvres de cinéma ces dernières années.

Celui qui totalise huit palmes d'or et a fondé la société de distribution Bac Films, puis le Pacte interpelle ainsi la ministre de la Culture : " Madame Filippetti, la piraterie tue le cinéma".

Sa tribune débute fort : " Je ne me rappelle pas que la distribution indépendante ait jamais traversé une période aussi difficile", qu'il continue en expliquant que, selon lui, le déclin du cinéma Français à l'échelle nationale et internationale, sur la plan des productions indépendantes, est largement induit par l'évolution du piratage, favorisé par le laxisme des autorités qui peinent à faire appliquer des sanctions pourtant reconnues dans les textes de loi.

Il dénonce ainsi " l'inertie totale des pouvoirs publics", un sentiment ravivé par la récente volonté affichée du gouvernement de mettre un terme, ou du moins, de limiter toujours un peu plus les pouvoirs de sanction de la commission HADOPI.

Le piratage est comparé à du vol, pire, à du pillage en règle : " Pourquoi dans ce cas ne pas laisser chacun se servir dans les magasins d'alimentation ou de prêt-à-porter ? Ne serait-il pas aussi légitime de se vêtir et de manger à sa faim sans payer?"

Le secteur du cinéma requiert, selon lui, davantage que de simples avertissements, de véritables sanctions et pénalités, ainsi qu'une application stricte de la loi encadrant le non-respect des droits d'auteur, le recel et la distribution de contrefaçons. Il suggère ainsi de transférer le pouvoir d'HADOPI et ses compétences au Centre National de la Cinématographie, plus légitime à débattre des sanctions et questions de violation de droits d'auteur.

Mieux encore, Jean Labadie évoque une plateforme de VoD à la carte, qui permettrait aux films n'étant plus exploités en salle de se voir portés immédiatement sur les plateformes numériques, sur un territoire délimité. Une parade au téléchargement illégal des oeuvres excusé par les pirates par le fait que l'attente est parfois trop longue entre la sortie d'un film en salles et sa diffusion en VOD ou via les supports physiques.

Source : Liberation