La théorie de la Longue traîne de Chris Anderson a tenté de montrer que l'économie numérique ne profite pas uniquement aux plus gros acteurs d'un marché et qu'au-delà des très gros succès qui génèrent l'essentiel de la valeur, il existe une demande exploitable pour tout le reste du segment.

Cette longue traîne crée en retour une offre très riche qui malgré les faibles volumes générés peut se maintenir sur le marché. Une étude de Midia Consulting rapportée par le Financial Times suggère cependant que les mécanismes vertueux imaginés par Chris Anderson ne se réalisent pas dans l'industrie musicale.

Long Tail  L'étude suggère qu'en 2013, le 1% des artistes générant le plus de valeur a capté 77% de l'ensemble des revenus du secteur, alors que ce taux était de 71% en 2000. Au lieu de se répandre dans la longue traîne et de profiter à l'ensemble du secteur, la valeur ne s'est donc jamais autant concentrée autour d'un très petit nombre d'artistes, tandis que l'immensité de la longue traîne doit se contenter des miettes (23%).

La chute des coûts apportée par l'économie numérique a bel et bien permis de créer une offre sans précédent, avec des catalogues de dizaines de millions de titres...mais c'est une offre que personne où presque ne consulte. Et, dans le cas particulier de la musique, il apparaît même que les superstars captent une plus grande proportion des revenus dans la musique numérique que dans les ventes physiques.

Autrement dit, alors que le numérique est censé apporter une offre beaucoup plus vaste, les achats de musique se concentrent encore plus fortement sur les quelques mêmes artistes. Les analystes de Midia Consulting y voient peut-être le fait d'un manque de visibilité qui conduit les portails de musique numérique à ne mettre en avant que les très grands artistes quand il est possible de flâner dans les rayons d'un magasin physique et de tomber sur un artiste moins connu mais qui piquera la curiosité.

La raffinement des outils de découverte et de recommandation peuvent éventuellement amener plus d'artistes à être mis en valeur mais le constat de Midia Consulting se fait réaliste : même avec un choix très large, les consommateurs restent cantonnés à quelques artistes superstars, toujours les mêmes, et les atouts de l'économie numérique n'y ont rien changé :

"Le marché nous montre que les humains sont autant des moutons en quête de rassemblement dans un troupeau en ligne que hors ligne", indique Mark Mulligan, auteur de l'étude.

Source : Financial Times