Le magazine en ligne des professionnels de l'informatique, ITRmanager.com, nous propose une interview très intéressante de Stéphane Kimmerlin, Responsable Stratégie, Division Développeurs et Plateforme d’Entreprise, sur un sujet délicat à traiter :

" Les mondes Microsoft et Open Source ne sont pas aussi éloignés que l’on croit".


Cet article présente les principaux arguments avancé par les logiciels propriétaires pour justifier leur présence sur le marché et les coûts des licences.
Vous trouverez également concrètement comment Microsoft espère contrer les logiciels libres.

Je vous laisse lire l'article très détaillé pour vous faire votre propre avis, mais en voici quelques morceaux choisis :

 

Rappelons d'ailleurs que Microsoft et Open Source ne sont pas nécessairement antinomiques. Sur les 83 000 projets recensés par le site SourceForge, 30 % sont indépendants de la plate-forme, 30 % sont sur Linux et entre 25 et 30 % sont sur Windows et de plus en plus sur .Net.

 

Quelle est votre vision du marché actuellement et le poids des deux solutions Linux/Open Source d'un côté et Windows de l'autre

S.K. : Il y a en France environ 13 millions de PC et 750 000 serveurs en entreprise. Linux n'est pas très présent sur le poste de travail. Il a en priorité permis de remplacer des postes de type terminaux VT et 5250 (terminaux AS/400) de type mono-application. Le phénomène OpenOffice ou StarOffice (que Microsoft situe au niveau fonctionnel d'Office 97) est un peu plus important, mais reste très limité (le plus gros déploiement connu, ce sont les commissariats de police avec 18 000 postes équipés dont 60 % pour des utilisateurs qui n'avait pas de bureautique auparavant). En revanche, la majorité des cabinets ministériels sont au minimum sur Windows 2000/Office 2000 et beaucoup sont sur Windows 2003/Exchange 2003/Office 2003. Ne se dirige-t-on pas là vers une informatique à deux vitesses ' Offrir un outil « good enough » pour certains et un outil standard pour d'autres.

Ce qui coûte sur le poste client, ce n'est pas tellement la migration (y compris la reprise des macros ; certaines comme les tableaux croisés dynamiques sur Excel ne peuvent pas être reprises sur OpenOffice), mais bien le changement des habitudes des utilisateurs et donc le coût d'accompagnement.


D'un point de vue technique, comment comparez-vous Windows XP avec Linux '


S.K. : Windows XP a apporté la même rupture technologique que Windows 95 en son temps. C'est sans doute le système d'exploitation qui a été conçu le plus récemment et donc avec les stratégies de développement les plus modernes. David Cuttler, qui est le concepteur du système d'exploitation VMS de Digital a commencé à réfléchir à un nouveau système à partir de 1991. Quand on regarde le noyau d'un Windows XP ou NT 2003, c'est finalement très proche d'un Unix ou de Linux. Après, il y a les API Windows et l'interface graphique qui font la différence. A partir des versions 2000 et XP, Windows est un système moderne, performant, ouvert, sûr et stable. Autant les versions précédentes, qui étaient encore des avatars du DOS, présentaient de réelles faiblesses, autant ces nouvelles versions sont vraiment au faîte des techniques de conception des logiciels.

 

Et tous les problèmes de sécurité liés à Windows, est-ce seulement parce que c'est le système d'exploitation plus répandu et donc celui qui est le plus attaqué '

S.K. : Sans doute, mais ce n'est pas la seule raison. Il faut regarder l'historique. La sécurité des ordinateurs est un problème relativement récent. Pour preuve, Windows 95 n'a eu aucun problème de ce genre. La sécurité est clairement liée au raccordement des systèmes informatiques, et particulièrement des PC, à Internet. Il faut se souvenir que l'initiative « Trustworthy Computing » - l'informatique de confiance qui regroupe les aspects sécurité, confidentialité, fiabilité et intégrité - lancée par Bill Gates ne date que de 2002.

 

Pourquoi parle-t-on autant des problèmes de sécurité liés à Windows '

S.K. : Il y a deux raisons. D'abord, l'impact des attaques sur Windows est très élevé en raison de la grande diffusion de ce logiciel. Ensuite, c'est lié à ce qui entoure le système. Les systèmes Unix ou Linux sont considérés comme des environnements critiques qui sont issus de ce que l'on pourrait appeler la grande informatique. Les administrateurs Unix et Linux sont souvent encore aujourd'hui plus compétents et plus efficaces que leurs homologues sous Windows. C'est lié à l'historique. Les responsables qui ont géré les systèmes Windows viennent souvent du monde de la bureautique - poste de travail, réseaux locaux, etc. Leur expertise n'a peut-être pas évoluée avec la montée en puissance de nos systèmes.

Dans les entreprises où les plates-formes Windows sont considérées comme critiques, les choses se passent plutôt bien. Microsoft a encore un gros effort de pédagogie à faire vis-à-vis des utilisateurs. Il nous faut aussi changer notre marketing qui collait trop à l'univers des postes de travail. Les problèmes de sécurité sont une occasion pour Microsoft de faire tout cet effort de formation et d'information. Avec un message simple comme : « on vous facilite la tâche avec des outils de haut niveau, mais cela n'exclut pas de mettre en place des méthodes très rigoureuses ». Si on ne connaît rien dans le monde Linux, on ne peut rien faire. Dans l'environnement Windows, même en ne connaissant rien, on peut quand même installer et gérer le système. Cela ne doit pas empêcher les entreprises de former leurs administrateurs système.

 

Remarque : pour ceux qui n'auraient pas compris, Stéphane Kimmerlin est le Responsable Stratégie pour la Division Plate-forme d'entreprise de Microsoft France.

 

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Merci à Cyril d'avoir transmis cette information.