Microsoft laisse à nouveau planer l'ombre d'un éventuel report de lancement commercial pour Windows Vista, mais n'invoque cette fois aucune raison technique. Si Vista ne débarque pas sur notre continent en début d'année prochaine comme prévu, ce sera la faute de la Commission Européenne. Laquelle se défend d'entraver de quelque manière que ce soit la sortie du futur système d'exploitation de Redmond..


"La Commission m'a tuer..."*
Les instances européennes ont bon dos, et sans doute aussi les oreilles qui sifflent, en ce moment, car Microsoft laisse entendre que Windows Vista pourrait ne pas être commercialisé en janvier prochain comme prévu sur notre continent, et ce en raison de l'intransigeance de la Commission Européenne à faire appliquer les lois anti-trust au sein de sa zone d'influence. Ladite Commission, dans un communiqué, s'insurge contre cette déclaration, estimant "presque diffamatoire de donner à penser que la Commission pourrait être à l'origine d'un éventuel délai dans le lancement de Vista en Europe." La même Commission ne nie pas avoir demandé à Microsoft de procéder à quelques aménagements dans son futur vaisseau-amiral, afin qu'il se conforme mieux aux réglements communautaires, ce qui fait dire à la firme de Bill Gates qu'une fois "reçue la réponse de la Commission, nous [Microsoft] saurons si cette dernière exige de nouveaux changements dans la définition du produit, qui pourraient éventuellement se solder par un différé dans sa commercialisation."


Entre dénégations et faux-semblants
La Commission répond à ce quasi-couteau sous la gorge dans des termes sans équivoque, déclarant qu'il ne lui appartient pas de donner un feu vert au lancement d'un produit, mais qu'il est de la responsabilité du fabricant de se conformer aux exigences communautaires, notamment en regard des règles qui régissent la concurrence, ce qui, dans le cas d'une firme jouissant d'un semi-monopole, n'est jamais une mince affaire.

Lorsqu'on se souvient que Microsoft et la Commission sont toujours en discussion sur le règlement de plusieurs affaires, au cours desquelles l'éditeur américain était accusé de ne pas suffisamment faire de place à ses concurrents, voire d'entraver leurs travaux, on comprend que ce feuilleton-là n'en est qu'au premier épisode. Et rappelle les glorieuses (') heures de mai 1998, quand le Département américain de la Justice intentait un procès à Microsoft, peu de temps avant la sortie de Windows 98 ; à l'époque, déjà, c'étaient les instances officielles qui avaient prévalu. Et déjà, à l'époque, Microsoft avait agité le drapeau rouge, estimant qu'un retard provoqué par ces actions en justice aurait "de graves conséquences" pour l'industrie informatique toute entière.

Comme disaient nos ancêtres quand la Gaule était occupée (toute, non...) par les Romains : "bis repetita placent..."**



* En référence à l'affaire Ghislaine Marchal, assassinée chez elle en juin 1991, et dont le jardinier, Omar Raddad, sera inculpé du meurtre, avant d'être condamné par une Cour d'Assise en 1994. Il sera plus tard innocenté, puis grâcié par le Président Chirac. Le meurtre demeure à ce jour non élucidé.


** Les choses répétées plaisent