La fondation Mozilla cherche à réaliser des alliances avec des projets open source, comme GNOME, afin de contrer l'arrivée prochaine de Longhorn, le futur système d'exploitation de Microsoft.


Vous trouverez ci-dessous un entretien réalisé entre Brendan Eich, directeur technique de Mozilla.org et créateur entre autre du langage Javascript, et Boris Zbarsky, développeur Mozilla.
Cet entretien porte essentiellement sur les objectifs de la fondation Mozilla.

L'article original, en anglais, est visible ici, mais le site Chevrel.org nous propose sa traduction faite maison en bon vieux français.

En voici quelques extraits :


"Nous avons besoin d'une direction forte, ET de nouveaux alliés si nous voulons préserver l'utilité (subjectivité mise à part) des standards ouverts.


    Si nous ne nous préocupons que du navigateur, nous risquons d'être mis hors course dans approximativement 5 ans. Non pas inutilisé, mais à la traîne, abandonné comme plateforme de développement. Faire de mozilla un navigateur utilisé et reconnu est nécessaire, mais pas suffisant.

    Notez que l'adaptation de Mozilla par le marché pourrait impliquer, pour certaines entreprises et sites rétifs, que nous supportions le DOM d'IE, les plugins ActiveX et d'autres choses que nous préfèrerions ne pas avoir à supporter. Si nous ne supportons pas certaines de ces choses, il se peut que nous ne réussissions pas à obtenir la part de marché suffisante pour atteindre nos objectifs.

    Le problème que je vois est que Linux pourrait très bien ne pas utiliser Mozilla comme navigateur par défaut, relégant de ce fait Gecko dans la catégorie des moteurs de contenu web, puis à la catégorie des "vieux" moteurs de contenu web.

    Si Miguel (NDT : Miguel de Icaza, fondateur de Gnome) et les autres clonent XAML et Avalon (la partie la plus difficile à cloner), peut-être que d'ici trois ans Linux sera capable d'offrir la plus grande partie de ce que Longhorn offrira en termes de contenu menaçant les standards ouverts. Mais ce contenu restera relativement ou entièrement fermé, sous le contrôle de Microsoft, son évolution n'étant modifiable que sous leur égide. un tableau assez sombre, même si Mono contribuera à mettre une pression sur des standards de fait ou de droit.

    Voici l'alternative à laquelle je travaille dur pour la promouvoir :

       1. Construire des applications multi-plateformes entièrement nouvelles, utilisant Gecko, le rendu natif par les thèmes et une bonne intégration bureau/OS.
       2. Promouvoir ces applications, dès maintenant (pensez à Mozilla la suite, Firefox, Thunderbird, Open Office) sur Windows, en particulier auprès des entreprises désirant éviter l'enfermement propriétaire, les risques de virus et les coûts prohibitifs des licences.
       3. Laisser ces entreprises migrer vers Linux si cela est sensé, ou bien reporter la lourde taxe que représente la mise à jour vers Longhorn en restant sur les versions actuelles de Windows autant d'années que possible
       4. Parallèlement, dès maintenant et en collaboration étroite avec d'autres hackers de l'open source, construire une nouvelle plateforme applicative unifiée bureau/web à partir de morceaux du code de Mozilla et de GNOME. Partager le code et les efforts, éviter les grandes réécritures. Utiliser les standards autant que possible, ce qui inclue certaines parties de XUL qui sont en cours de spécification. Cette nouvelle plateforme pourrait même mériter le titre de Mozilla 2.0.

    Cette nouvelle plateforme doit inclure une couche avancée de rendu avec accélération matérielle, des effets visuels attractifs, l'animation, la vidéo etc.

    Autre caractéristique de cette nouvelle plateforme: indépendance envers les langages de programation de haut-niveau, gràce à un bon choix d'exécutables au "code géré" (Java, Mono C#, JS2...) pour une programmation libérée des dépassements du tampon (buffer overrun) et des types. Nous ne devons pas nous contenter de C et C++, cette approche n'est pas compétitive économiquement face à .NET.

    Cette plateforme réglerait le problème des applications web en mariant, autant qu'en alliant, GNOME, Mozilla et peut-être Mono (en apportant le code multi-plateforme et l'aspect dévelopement à Linux et le "look and feel" de la prochaine génération de GNOME à Mozilla). Cela construirait ce que nous n'avons pas été capables de construire de manière complète ou incontournable par nous-mêmes : une plateforme neutre de développement pour les applications de bureau et les applications web de tiers.

    La période de mise en application commence dès à présent, avec du code fonctionnel prévu pour la deuxième moitié de cette année."




On dirait bien que le monde des logiciels libres s'organise et prépare dès à présent l'arrivée du poids lourd Longhorn de Microsoft que beaucoup redoutent, non pas en tant que système d'exploitation, mais également et surtout à travers le développement de nouvelles technologies propriétaires qui, une fois adoptées, rendront, une fois de plus, le géant américain incontournable.


Consulter l'entretien complet (version française)


Update : bien que cet entretien, honte à moi, date de 2004, il n'en reste pas moins intéressant ;)